Le projet de lancer un « euro numérique de détail » a maintenant quatre ans et pour commencer à se faire reconnaître aux yeux du grand public, il a désormais un nom : Cash+. D’ici 2027, il sera la nouvelle monnaie légale en Europe, même si son déploiement prendra bien plus de temps que cela, et qu’il ne s’agira pas ni plus ni moins que d’un euro numérique, conservant le même taux de change. Alors pourquoi faut-il s’intéresser à son sujet ? Pourquoi la Banque centrale européenne travaille-t-elle très sérieusement sur le sujet depuis l’arrivée du projet Libra par Facebook en 2019 ?
1/ Un certain degré de contrôle
Au centre des questions concernant Cash+, il y a forcément le doute sur le contrôle qu’opéreront les gouvernements sur leurs concitoyens via la monnaie et les paiements. Car en passant à 100 % par des systèmes informatiques plutôt que par des billets physiques et tangibles, l’euro pourra être parfaitement tracé et surveillé. La présidente de la BCE, Christine Lagarde, n’a jamais caché sa volonté d’avoir grâce à l’euro numérique Cash+ un « un certain degré de contrôle des paiements ». Mais pour tenter de rassurer, et faire passer la pilule du développement de Cash+, elle s’accordait à dire que le projet serait de « mettre en place un mécanisme sans contrôle pour des montants très faibles, autour de 300 ou 400 euros ».
2/ Confiance et stabilité
« L’euro est une réussite européenne évidente : une monnaie mondiale de confiance qui symbolise notre force, notre unité et notre solidarité. Cependant, comme de plus en plus de gens choisissent de payer par voie numérique, l’euro devrait refléter l’ère numérique et s’y adapter », commentait pour sa part Vladis Dombrovskis, vice-président exécutif à la Commission européenne. Ce sera aussi l’occasion d’ajouter confiance et stabilité dans une monnaie numérique, un clin d’œil aux déboires de nombreuses cryptomonnaies telles que les différents stablecoins défaillants. En 2022, de nombreux investisseurs ont perdu des millions d’euros avec l’écroulement de monnaies virtuelles censées rester arrimé au cours d’une monnaie fiduciaire comme le dollar ou l’euro.
Reste à savoir si l’euro numérique Cash+ reposera sur un système comme celui de la Blockchain pour les cryptomonnaies. À ce sujet, la Banque centrale européenne est encore très floue et dit qu’elle n’a pas encore pris de décision. Le système informatique sur lequel reposera Cash+ s’appelle Eurosystème, et il « teste plusieurs approches et technologies permettant de fournir un euro numérique, y compris des solutions centralisées et décentralisées, comme la DLT (distributed ledger technology). Aucune décision n’a cependant été prise à ce stade », peut-on lire de la BCE. Concernant l’intérêt de l’euro numérique face à un stablecoin ou une autre crypto-monnaie, la BCE capitalise sur la stabilité, mais aussi la confiance : « les émetteurs privés peuvent utiliser les données à caractère personnel à des fins commerciales ».
3/ La fin des espèces ?
Selon les dires de Christine Lagarde en avril dernier, nous devrions en savoir plus du projet Cash+ d’ici le mois d’octobre. En attendant, le sujet n’est pas clairement explicité, mais il serait possible que l’euro numérique vienne bel et bien chercher très vite à retirer les espèces physiques (pièces et billets) pour les remplacer. Si tel était le cas, alors il est certain que la question du contrôle en serait une grande : pour garantir les libertés individuelles et des échanges intraçables, payer en espèces est la meilleure solution. Pour que Cash+ vienne totalement retirer les euros physiques en circulation, il faudrait alors obligatoirement que le système de la BCE soit apte à fonctionner en hors connexion.
Sur le site de la BCE, le sujet est balayé d’un revers de main : « Non, un euro numérique serait juste un autre moyen de paiement en euros, la monnaie unique de la zone euro ».
4/ Plafond de détention
Cash+ sera l’euro numérique, et l’euro numérique sera une monnaie intégrant la catégorie des MNBC (monnaies numériques de banque centrale). Après le projet Libra de Facebook (transformé en Diem puis abandonné depuis), les MNBC sont en concurrence directe avec les cryptomonnaies. À cheval entre un stablecoin (pour sa stabilité), Ethereum (pour sa monnaie d’échange) et Bitcoin (pour son système sécurisé), l’euro numérique doit lui aussi luter pour ne pas que ses utilisateurs en fassent une réserve de valeurs plutôt qu’un moyen de paiement. Ainsi, la BCE réfléchit à imposer un plafond de détention. À ses débuts et pour encourager les gens à réaliser des transactions plutôt que d’épargner leurs fonds, un montant maximum sera mis en place.
5/ L’euro n’est-il pas déjà numérique ?
Le concept d’euro numérique est difficile à comprendre tant les échanges sont déjà largement dématérialisés aujourd’hui. On a donc tendance à croire que l’euro est déjà numérique. Mais son émission et son contrôle passent toujours aujourd’hui dans des billets physiques. Les échanges numériques sont toujours basés sur de l’argent physique. Avec l’euro numérique, tout changera, car l’argent ne sera stocké que dans des systèmes informatiques. En termes d’accessibilité, il faudra donc être en possession d’un compte bancaire chez une banque en ligne ou d’un portefeuille virtuel compatible, tant l’argent ne sera plus tangible et son accessibilité limitée au matériel informatique. Là encore, de nombreux détails seront encore à préciser.
Membre du directoire de la BCE, Fabio Panetta s’exprimait devant la commission des affaires économiques et monétaires du Parlement européen en juin 2022, et confirmait bien que tout ce projet autour de Cash+ et de la souveraineté monétaire de l’Euro via l’arrivée d’une monnaie numérique prendra du temps. Derrière le défi technologique et politique d’instaurer une nouvelle monnaie légale entièrement numérique et aux possibilités de traçage et de surveillance colossales, un long travail d’intégration avec les acteurs privés et d’adoption avec les ménages démarrera.
« L’adoption de la nouvelle monnaie numérique par les Européens sera progressive. Plusieurs années s’écouleront sans doute avant qu’une majorité de la population détienne des euros numériques. Ensuite, il convient sans doute de faire preuve de beaucoup de prudence lors du calibrage de ces instruments et de les ajuster ensuite en fonction de l’expérience et de l’adoption de l’euro numérique au fil du temps », déclarait l’économiste italien.
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“Mais son émission et son contrôle passent toujours aujourd’hui dans des billets physiques.”
Euuuh et la création monétaire par la dette ?
“Les échanges numériques sont toujours basés sur de l’argent physique.”
Du coup non.
L’euro est actuellement émis par les banques commerciales numériquement et au travers de nombreux intermédiaire. L’idée ici est de gérer tout au niveau de la BCE qui maîtriser a tout et verra donc tout … Préparez vous au crédit social et la fin du cash.
Le cash+ … Mais qu’à t’il donc a cacher de pus que le cash sinon un contrôle total de la population …
La fin du cash c’est la fin des trafics en tout genre. Une bonne chose. Mais le financement des partis politiques, dont l’histoire nous a montré a plusieurs reprises son manque de transparence, devrait lui aussi en prendre un coup. Quand les principaux intéressés comprendront, bizarrement, on verra que des limites apparaissent. Au final ca sera juste un moyen de plus. A defaut, les cryptomonnaies s’envoleront pour garantir l’anonymat.
c’est du n’importe quoi. Le seul but c’est de nous pister. Prenons par exemple : aller faire des courses, en grande surface, en magasin, en bureau de tabac, au restaurant etc… Actuellement si on paye par cash ou par carte bancaire l’Etat ne voit rien sur vous; alors qu’avec l’euro numérique ils pourront savoir très rapidement ce que vous faites comme dépense, vous donnez de l’argent a vos enfants en cash, vous entretenez une personne (vous voyez ce que je veux dire). On sera pisté dans tous les domaines.
Bref il faut que tout le monde qui est contre, le fasse savoir.
Ce n’est pas a la BCE de nous imposer cela , mais c’est le peuple qui doit décider si oui ou non il faut mettre aux oubliettes nos billets et nos pièces et qu’un référendum doit être mis en place.
Les hackers sont suffisamment fort pour piquer les cryptomonnaies et donc adieu l’argent économisé et mis de côté pour parer a une ou toutes les éventualités.
Autant s’exiler dans un autre pays.