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5 000 mètres sous les mers en 3D

Aujourd’hui, les sous-marins et les bathyscaphes descendent à plusieurs kilomètres de profondeur : la vie y est foisonnante. C’est pour faire découvrir à tous cette vie…

Aujourd’hui, les sous-marins et les bathyscaphes descendent à plusieurs kilomètres de profondeur : la vie y est foisonnante. C’est pour faire découvrir à tous cette vie mystérieuse des abysses que le Centre national de la Mer de Boulogne-sur-Mer, plus connu sous le nom de Nausicaà (du nom d’une jeune héroïne de l’Odyssée d’Homère), présente une exposition très didactique.Elle débute dans un dédale de couloirs où une suite de tableaux, de vidéos et de photos présente l’exploration des abysses sous les angles historique, technique et surtout biologique, avec des aquariums contenant des créatures abyssales, comme des araignées de mer de plus d’un mètre de diamètre (sans les pattes) ou des poissons lumineux.La fin du parcours est plus surprenante. Le visiteur est, en effet, convié à prendre place à bord d’un sous-marin qui s’enfonce lentement jusqu’à 5 000 mètres de profondeur.

Un morceau de bravoure

En réalité, ce voyage est virtuel : assis sur des gradins, face à un écran aux formes arrondies, une paire de lunettes polarisées sur le nez, le public assiste à la descente du sous-marin, également baptisé Nausicaà. Après avoir traversé des bancs de poissons, croisé des créatures improbables, aperçu d’étranges monstres marins, il finit par atteindre le fond. Le morceau de bravoure l’y attend, sous la forme d’un combat entre un calmar géant et un cachalot. Ce périple est d’un réalisme d’autant plus étonnant que tout est factice : le film, basé sur un scénario concocté par les scientifiques de Nausicaà, est réalisé en images de synthèse et projeté en relief. Même la bande-son contribue à la réussite de l’ensemble : les caissons de basses font trembler les sièges des spectateurs, à la manière des structures du sous-marin vibrant sous la pression de l’eau. Le plus impressionnant est cependant le relief des images. Réalisé par Digital Studio, une société spécialisée dans le cinéma en relief, le film fait appel à deux procédés complémentaires.Le premier utilise la lumière polarisée, comme dans le système Imax, où deux caméras installées côte à côte enregistrent deux films aux images légèrement décalées, comme les voient nos yeux, notre cerveau se chargeant de reconstituer le relief.Sauf qu’ici, il n’y a pas de caméras, puisque le film est fabriqué en images de synthèse. C’est donc un ordinateur qui a calculé les décalages entre les deux yeux. Les deux films numériques obtenus et stockés sur des disques durs sont ensuite projetés simultanément par deux projecteurs, dont les objectifs sont équipés de filtres polarisant la lumière dans deux directions différentes, horizontalement et verticalement. Les spectateurs, eux, ont chaussé des lunettes aux verres composés de filtres dont le sens de polarisation concorde avec celui des projecteurs. Ainsi, chaque ?”il ne voit que l’image qui lui est destinée, comme dans la vision naturelle.

Une parfaite illusion d’immersion

Toutefois, cette technique produit un relief un peu… plat. C’est pourquoi le dispositif de projection se voit doté d’un écran torique. Incurvé à la manière d’une section de sphère, il renvoie la lumière vers le centre. Du coup, les déformations du relief que l’on constate souvent sur les bords de l’écran dans les systèmes de projection traditionnels disparaissent. Mieux : l’impression de relief est encore accentuée et les objets deviennent presque tangibles. L’illusion de l’immersion est si parfaite que, même placé à plusieurs mètres de l’écran, le spectateur a l’impression qu’il lui suffit d’étendre la main pour saisir les poissons ou les crabes qui semblent flotter sous son nez ! Seul regret : le film ne dure que quatre minutes et trente secondes. Mais d’autres projets, plus copieux, sont à l’étude

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Jean-Loup Renault