Quand on travaille comme moi en SSII à quarante-trois ans avec encore un pied dans la technique, on se pose des questions”, lance Jean-Paul Canipel, à la tête d’une petite équipe de spécialistes NT chez Origin, évoluant entre définition des besoins des clients et exploitation. “Les directions générales préfèrent payer moins cher des jeunes prêts à travailler dix-huit heures par jour. Je dois réfléchir à un départ à moyen terme vers un poste de management pur.” Telle est la problématique des gens de la production de plus de trente-cinq ans : prendre des responsabilités ou faire valoir des compétences techniques fortes.
Bonus pour la longue pratique dans un environnement
La première solution est idéale. “Nous avons beaucoup de mal à trouver les profils cumulant expérience et personnalité adaptée au management”, insiste en effet Irène Ducroizet, directrice des ressources humaines chez l’opérateur de télécoms Colt. Mais pour ceux qui ne sont pas faits pour le management, une autre option consiste à rester proche de la technique. Mieux vaut, dans ce cas, se démarquer des jeunes diplômés en justifiant d’une longue pratique dans un environnement particulier. Dans l’exploitation, l’expérience est gage de sérénité – une qualité primordiale pour garantir la disponibilité d’applications critiques.
Des opportunités en province
Si les prétentions salariales sont modérées, ces profils séduiront une grande SSII ou une entreprise utilisatrice moyenne, surtout si elle est installée en province. “Nous avons récemment embauché un DBA Oracle dont les trente-neuf ans constituaient un gage de stabilité, essentiel dans une ville comme Dijon, où le marché de l’emploi est restreint”, confirme Jacques Monpays, responsable du département exploitation du groupe Fournier. Le candidat a constaté que la province recherchait davantage de seniors que de jeunes. Il peut donc aujourd’hui diversifier ses compétences vers SQL-Server, R/3 ou TNG. Une curiosité technique indispensable, car la majorité des entreprises recherche des profils polyvalents, adaptés aux liens de plus en plus étroits entre études et exploitation.
Du côté du monde internet, l’espoir est mince pour les plus de trente-cinq ans, si l’on en croit les responsables de certains hébergeurs de sites. “La jeunesse de nos personnels d’exploitation constitue notre point fort, car les plus anciens ne connaissent que les technologies du passé”, assène sans complexe Marco Rinaudo, PDG d’InternetFR. Son homologue, Rafi Haladjian, directeur général de Fluxus, enfonce le clou : “L’informatique traditionnelle est dominée par le souci du respect des procédures. La culture internet est synonyme de pragmatisme. Un informaticien venant d’une SSII subirait chez nous un choc lié moins à un manque de compétences qu’à un problème de rythme.”
Mais peut-être faut-il encore chercher ailleurs l’explication de ce refus des ” anciens “, comme le dit très simplement Irène Ducroizet : “Les plus de trente-cinq ans demandent des salaires que leur expérience ne justifie pas totalement”…
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