L’étau se resserre sur l’industrie électronique Russe : après avoir cessé de livrer des puces de pointe à la Russie dès le début de l’invasion de l’Ukraine à la fin février, le gouvernement de Taïwan vient de publier des restrictions encore plus drastiques sur ses livraisons de semi-conducteurs à la Russie et au Bélarus.
Drastique est même un faible mot : aucune puce livrée ne pourra opérer à une cadence supérieure à 25 MHz, ni n’offrir une puissance supérieure à 5 Gflops. Pour illustrer ces deux grandeurs, il faut replonger – loin ! – dans le passé des semi-conducteurs. Quand on lit 25 Mhz, il faut se rappeler que c’était la fréquence de fonctionnement du processeur Intel 486SX 25 lancé en 1989. Et 5 Gflops correspond à un peu moins que la puissance du Pentium 4 – 520 lancé en 2004 (5,6 Gflops), une puce cadencée à 2,8Ghz et gravée en 90 nm. Pas besoin de préciser qu’il n’existe aucune puce cadencée à 25 MHz qui soit capable ne serait-ce que de s’approcher d’une puissance de calcul d’un seul Gflop !
La Russie bloquée dans les années 90/2000
Taïwan fait plus que s’aligner sur ses protecteurs que sont les USA (et dans une moindre mesure l’Europe). Et prive la Russie et son allié bélarusse de virtuellement toutes les puces. Sans même parler des CPU et GPU, ces processeurs centraux et graphiques haute puissance que l’on retrouve dans nos PC et smartphones, ces restrictions interdisent même les puces les moins puissantes. Le fameux microcontrôleur STM32 du franco-italien ST Micro, que l’on retrouve partout (systèmes d’ouverture automatiques de portes, etc.) a généralement une fréquence minimale de fonctionnement de 32 Mhz !
Or, si Taïwan est souvent cité pour sa maîtrise des procédés de pointe – 61% des volumes en 16 nm ou moins, 95% des volumes en 5 nm ou moins – le pays est aussi le roi dans les finesses de gravures plus grossières puisqu’il représente 48% de la production mondiale de puces, toutes gravures confondues. Et il est aussi majeur dans la production de machines nécessaires à la production de semi-conducteurs, des machines qui font, elle aussi, l’objet d’un embargo.
Vu l’alignement de Taïwan de la Corée du Sud (mémoires, machines) et du Japon (puces ASIC, machines, chimie, etc.) sur les États-Unis, la Russie et son état vassal n’ont donc plus d’autre choix que de frapper aux portes de la Chine pour se fournir, accélérant leur dépendance à l’Empire du Milieu.
Si les progrès récents de la Chine pourraient, sur le papier, permettre à la Russie de trouver un fournisseur pour ses puces, il est un fait que la Chine subit elle aussi des pressions et blocages de la part des USA. Et développe son industrie en interne pour ses propres besoins – pas sûr, ainsi, qu’elle ait la capacité de répondre aux besoins russes, même les plus urgents.
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Source : Tom's Hardware (US)