8 000 milliards de dollars en Bourse. C’est le poids des Gafam en valeur boursière pour cette année 2020 – soit trois fois le PIB de la France – contre un peu plus de 2 000 milliards, il y a cinq ans. Une envolée jamais vue. Plus encore qu’économique (Google pâtit d’un coup de mou du marché publicitaire, Booking.com souffre de l’arrêt du tourisme, etc.), le triomphe des plates-formes est financier.
Un marché numérique dopé au coronavirus
Depuis janvier 2020, leurs cours semblent dopés par la Covid-19 : + 35 % pour Facebook, + 67 % pour Amazon, + 68 % pour Apple. Que dire de Zoom, créée en 2011 par un ingénieur californien, dont l’action a bondi de 600% en 2020 ? D’AirBnB dont l’action a doublé de valeur le jour de son introduction en Bourse ?
De leur côté, longtemps cantonnées au marché local, les applications chinoises commencent à essaimer dans le monde entier : TikTok, bien sûr, mais aussi Shein (vente de vêtements) ou Likee (partage de vidéos). Selon un article du cabinet McKinsey & Company, publiée le 5 octobre dernier, le numérique a fait un bond de sept ans en quelques mois avec la pandémie.
Pendant ce temps-là, les États dépensent des milliers de milliards pour éviter faillites en série et chômage de masse… Faillite des États contre toute-puissance des entreprises technologiques ?
D’après l’économiste Joëlle Toledano, professeure à Paris-Dauphine, interrogée par l’AFP, les géants de la Tech, ces « superstars » du capitalisme de plate-forme « ont donné le sentiment, dans ce monde où tant de choses qui semblaient solides sont aujourd’hui fragilisées, d’être hors sol et même invincibles ».
Le réveil des États
Pourtant, l’année 2020 a aussi sonné le réveil des États, qui veulent mettre un frein à l’expansion effrénée.
« Jusqu’en 2017, on considérait que les avantages apportés, notamment en termes d’innovation, étaient supérieurs aux dégâts occasionnés », mais le vent a tourné, explique Joëlle Toledano, auteur de Gafa : reprenons le pouvoir !
En plus de contrôler de fait l’accès du monde numérique – le moteur de recherche Google détient 93 % de parts de marché – ces monopoles enferment leurs utilisateurs dans des « écosystèmes verrouillés », souligne l’économiste toujours auprès de l’AFP.
De nombreuses attaques
C’est pourquoi 2021 devrait être une année charnière pour la régulation de ces marchés online. Les procédures se multiplient aux États-Unis contre Google et Facebook pour abus de position dominante. Sommés de rendre des comptes, les patrons du secteur ont été convoqués plusieurs fois devant le Congrès.
À lire aussi : On fait le point sur le Digital Services Act
En Europe, la Commission européenne vient de proposer deux textes de loi : le Digital Services Act et Digital Markets Act, qui ont l’ambition de réguler Internet, considéré selon les mots de Thierry Breton, commission au Marché Intérieur, comme une « zone de non-droits ». Et ce pourrait être la chance des Européens pour se redonner une chance face aux géants américains.
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