12 août 1981. IBM annonce, enfin, son 5150 Personal Computer. Désormais, la micro-informatique aura droit de cité dans les entreprises ; c’est en tout cas le discours tenu alors par Big Blue. L’événement est considérable. Apple, premier constructeur mondial de l’époque, le salue par une pleine page de publicité dans le Wall Street Journal. Difficile d’imaginer un équivalent aujourd’hui. Compaq félicitant Apple pour son Titanium ? Microsoft louangeant Linus Torvalds pour le nouveau kernel de Linux ? Allez, on oublie.Quand IBM lance le PC, il est encore soupçonné de monopole sur le marché de la grande informatique. Et c’est comme à regret qu’il autorise Philip Estridge, en 1980, à plancher sur ce projet. Qu’est-ce qui pousse le colosse à le faire ? Deux observations. Chaque année se vendent des dizaines de milliers d’Apple II, une machine lancée le 20 avril 1977, dont un paquet en entreprise grâce au premier tableur de l’histoire, Visicalc. Et une pléthore de constructeurs sur la planète suivent le mouvement, avec un bonheur inégal certes.Le plus frappant n’est pas la diffusion exponentielle que connaîtront ces machines. Elle était prévisible et même prévue. Relisez la pub d’Apple : “Quand nous avons inventé l’ordinateur personnel, nous estimions que 140 000 000 de personnes dans le monde auraient des raisons d’en acheter un.”La clé tient dans un détail : le 5150 ne contient aucun composant provenant d’IBM. Le processeur ? C’est un 8088, d’Intel. Le système d’exploitation ? C’est un nain, Microsoft, qui fournit PC-DOS. Du coup, des centaines de constructeurs peuvent produire des machines compatibles IBM, comme Compaq dès 1982. Cet effort industriel banalise le matériel et le transforme, peu à peu, en produit de base (le commodity des américains).L’apparition du PC a une autre conséquence. L’équilibre entre les fournisseurs de hard et de soft, comme on disait à l’époque pour parler du matériel et du logiciel, a complètement basculé en faveur des seconds. On ne choisit plus son matériel et, par conséquence, ses logiciels. Désormais, on lit la notice du soft désiré… et on court acheter une nouvelle bécane. O tempora, o mores.Cela voue-t-il aux oubliettes ces vieux micros que nous avons tant aimés ? Sûrement pas ! D’innombrables collectionneurs s’acharnent à entretenir vivant ce pan de l’histoire des technologies. Il existe sur le Web quantité de musées informatiques, comme celui du suisse Yves Bolognini. Et les passionnés se retrouvent régulièrement dans des foires sympathiques, le Vintage Computer Festival, par exemple. Quel intérêt me direz-vous ? Au moins un : c’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleures soupes 😉 Et je cherche toujours dans Photoshop certaines fonctions dArtmixer.
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