Suite aux décisions de l’ART (Autorité de régulation des télécommunications), le paysage des télécommunications devrait connaître des transformations. Cet organisme vient en effet d’attribuer les licences de boucle locale à de nouveaux entrants, tant au niveau national (dans les bandes de fréquence de 3,5 GHz et de 26 GHz) que dans les régions (26 GHz uniquement). La principale différence entre ces deux bandes de fréquence concerne la portée maximale des émissions : de 4 km pour les fréquences de 26 GHz et de 10 km pour celles de 3,5 GHz. Firstmark et Fortel ont remporté les deux licences nationales. Le premier a choisi de développer son offre de services, centrée sur l’Internet haut débit, dans la bande des 26 GHz, mieux adaptée aux besoins des entreprises. Il exploitera la bande des 3,5 GHz au travers de ses partenaires ISP ciblant le marché des utilisateurs résidentiels (Liberty Surf et World Online). Sur ce secteur, FirstMark souhaite concurrencer les offres de services ADSL de France Télécom, en proposant des connexions permanentes avec un débit moyen garanti de 512 kbit/s dans les deux sens à un coût inférieur à celui des offres Netissimo 1. À l’inverse de FirstMark, Fortel s’engage à déployer la bande de fréquence de 3,5 GHz et fait du marché de l’accès à Internet haut débit pour les particuliers, sa cible prioritaire. Les PME ne sont pourtant pas oubliées puisque Fortel développera une offre de services spécifique sur la bande des 26 GHz. Sur tout le territoire, ces deux opérateurs nationaux de boucle locale radio feront face aux opérateurs régionaux. En Basse et Haute-Normandie par exemple, l’ART a retenu la candidature de l’ISP local, Altitude, connu pour ses services Normandnet. Ce dernier compte déjà 5 000 clients, dont plus de 1 000 entreprises et grands comptes. Il devrait réaliser près de 74 MF (11,3 Me) de chiffre d’affaires cette année grâce à ses offres de connexion et d’hébergement. Altitude s’est engagé à investir plus de 17 Me dans ces deux régions, une liaison intersite à 10 Mbit/s sera proposée à 40 000 F par an (6 098 e), soit ‘ l’équivalent d’une liaison louée de France Télécom à 512 kbit/s ‘, signale l’ISP. De la même façon, une liaison louée de 2 Mbit/s devrait être facturée 3 500 F par mois (534 e). À en croire les dossiers des candidats, les tarifs des services de connexion haut débit devraient baisser d’environ 20 % en 2001. Mais cela sera-t-il suffisant pour convaincre les Français de s’équiper de tels accès ? Selon le cabinet américain Forrester Research, seuls 11 % des ménages disposeront d’une connexion à Internet haut débit en 2005, un chiffre en deçà de la moyenne européenne de 18 %.
Une percée prometteuse
L’absence de contenus large bande (vidéo pour le grand public par exemple) pourrait expliquer ce faible taux, mais l’ART a aussi misé sur des opérateurs régionaux qui s’engagent à développer des services de contenu. Broadnet – un des grands gagnants de ces attributions puisque ses licences lui ouvrent un marché de 85 % de la population française – compte aussi offrir de l’accès haut débit gratuit à tout utilisateur de ses services applicatifs (ERP, CRM, logiciels de travail collaboratif, etc.). Un partenariat avec Bull est d’ores et déjà signé, d’autres sont en cours. Landtel, qui vise le marché du Soho (Small office Home office) et des TPE, souhaite lui aussi revendre des services ASP sur ses portails. Désormais doté d’un réseau national suite au rachat de Kertel, l’opérateur cherche à nouer des partenariats. Belgacom compte aussi recourir au haut débit pour développer des services à valeur ajoutée. Enfin, peut-être pour stimuler la concurrence et redonner une chance aux déçus du concours (Cegetel, 9 Telecom, Tele2, Kaptech, etc.), l’ART a accordé 8 licences régionales à l’opérateur BLR Services. Ce dernier mettra ses équipements et ses capacités de bande passante à la disposition de tout opérateur, ISP ou ASP qui le souhaitera. Afin d’encourager ses clients à distribuer leurs nouvelles prestations tout le territoire métropolitain, BLR Services souhaite nouer des partenariats avec les autres acteurs régionaux de boucle locale radio, tels que Landtel et Belgacom, avec qui il existe une belle complémentarité géographique. Par ailleurs, les nouveaux entrants envisagent la mise en ?”uvre d’autres technologies d’accès haut débit dites complémentaires, tel le xDSL. Mis à part les PME et les opérateurs vainqueurs, les grands gagnants de ces attributions sont principalement les équipementiers (Alcatel, Nortel, Lucent et consorts). Ceux-ci se partageront un gâteau estimé à 15 MdF (2,286 Mde) au moins, d’ici à 2004. Il faut considérer qu’une antenne émettrice coûte près de 1 MF (152 449 e) dans la bande des 26 GHz et supporte au maximum entre 100 et 200 liaisons simultanées à 2 Mbit/s, contre 40 000 F (6 098 e) pour une antenne réceptrice.
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.
