Pour les équipementiers télécoms, la chute en 2001 est d’autant plus douloureuse que l’année 2000 avait été florissante. Tous se sont mis à afficher des pertes dans le courant de l’année et tentent de redresser la barre en réduisant leurs coûts et en sabrant des activités non centrales. On compte plus de cent cinquante mille licenciements effectués ou prévus pour 2001 chez une demi-douzaine de constructeurs. La coupe a été particulièrement importante chez Nortel, qui a supprimé quarante-cinq mille postes.C’est avec les difficultés de Lucent, dès la fin 2000, que le ciel des télécoms s’assombrit. Puis, au deuxième trimestre 2001, Nortel affiche des pertes près de 20 milliards de dollars (en comptant les charges exceptionnelles). Au trimestre suivant, il n’atteint plus que la moitié du chiffre d’affaires réalisé sur la même période en 2000. Dans le même temps, Lucent continue de s’essouffler. Fin septembre, il clôture son année fiscale 2001 avec un chiffre d’affaires inférieur d’un tiers à celui de 2000 et des pertes dépassant les 16 milliards de dollars. Il licencie encore dix mille personnes, pour atteindre dix-huit mille cinq cents suppressions de postes dans le trimestre et vingt-neuf mille en un an. Il aura dépensé plus de 11 milliards de dollars en restructurations.
Recentrage sur le c?”ur de métier
Alcatel mettra un peu plus de temps à montrer des signes de faiblesse. En mai, il envisage de racheter Lucent. Mais les discussions tournent court. C’est la période où l’équipementier français se met, à son tour, à accuser des pertes.Pour tenter de redresser la barre, les constructeurs se recentrent sur leur c?”ur de métier. Nortel revend le spécialiste de la relation client Clarify 200 millions de dollars (un dixième du prix de son acquisition en 1999) et jette l’éponge dans le DSL, puis la boucle locale radio. Alcatel revend son activité modems DSL et réduit la voilure dans le domaine de la fibre optique sous-marine. Il a recours à la sous-traitance et vend la moitié de ses sites de production. Lucent, de son côté, vend son activité fibres optiques, puis sa division vidéo numérique. Il s’est séparé de son activité composants (Agere) et envisage de vendre sa division services.Si les équipementiers télécoms boivent le bouillon, c’est parce que leurs clients opérateurs ?” eux-mêmes en proie à des difficultés financières et souvent équipés de réseaux déjà surdimensionnés ?” réduisent leurs investissements. La plupart des constructeurs leur proposaient des crédits, et la faillite d’opérateurs leur a parfois laissé de grosses ardoises. A l’image de Winstar chez Lucent. Tous tentent de tenir le coup en attendant des jours meilleurs.
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.