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2. Distinguer les diverses approches EAI : l’offre des éditeurs est segmentée par le prix

De l’intégration de données à l’orchestration de processus métier, l’EAI regroupe une multitude d’architectures et d’outils qui ne répondent pas aux mêmes besoins. Mais c’est le prix qui segmente le marché.

Épine dorsale du système d’information, le bus des plates-formes EAI est généralement construit à l’aide de deux briques technologiques distinctes : le courtier de messages (ou message broker) et un MOM (middleware orienté message). Le premier transforme et route les informations provenant des connecteurs sources vers les applications cibles. Il s’appuie en général sur le second, tels que MQSeries, MSMQ, JMS, mais également Corba ou encore Tibco Rendez-Vous pour le transport des données.

De l’intégration à l’orchestration

Dans ce modèle, toutes les opérations de routage et de transformation sont concentrées dans le courtier de messages, ce qui facilite son administration. Mais ce goulet d’étranglement potentiel a de plus en plus tendance à déléguer les transformations aux connecteurs et à s’appuyer sur un bus ” publish & subscribe ” pour diffuser les informations par sujets. Ce qui diminue d’autant la complexité du routage. En effet, en s’abonnant au sujet ” clients “, les applications reçoivent automatiquement toutes les informations les concernant. Le courtier de messages se contente donc de diffuser les messages sur des canaux distincts plutôt que de les router en point à point. “Cette meilleure répartition des traitements garantit une montée en charge plus aisée, mais elle achève aussi de vider cette brique historique de sa substance”, constate Laurent Avignon, spécialiste EAI d’Octo Technology. Le courtier de messages évolue peu à peu vers un moteur d’orchestration. Les principaux éditeurs (Tibco, Vitria, Seebeyond, Mercator ou webMethods) ont en effet récemment ajouté une couche BPM à leurs offres. Elle permet de modéliser les processus techniques d’intégration en fonction d’une logique métier (la prise de commandes, par exemple). Ce moteur agit alors comme un chef d’orchestre. Lorsqu’il reçoit un événement ou un document, il déclenche un workflow qui enchaîne des actions en fonction de tests logiques. Ces actions peuvent être la publication d’informations sur le bus, la connexion synchrone à une application, l’exécution d’une règle métier encapsulée dans un composant Java ou COM, ou bien encore l’attente de réception d’une validation par un collaborateur de l’entreprise. Longtemps sous-estimée par les logiciels d’EAI, l’interaction avec les êtres humains participant à un processus métier a poussé Tibco, Iona ou webMethods à ajouter une offre de portail à leurs suites EAI. L’offre de Tibco génère par exemple dynamiquement les interfaces utilisateurs en fonction du contexte d’exécution du processus d’intégration. De la ” simple ” intégration de données, les plates-formes EAI évoluent donc vers des outils de gestion des processus métier.Toutes ces évolutions ont un coût qui limite ces plates-formes haut de gamme aux projets d’urbanisation majeurs des principaux groupes français. Polyvalentes, performantes et matures, les solutions d’EAI ont un prix qui avoisinent 150 000 euros, avec généralement la fourniture d’un ensemble de connecteurs techniques de base (fichier, base de données, etc.), une couche BPM et sont parfois orientées vers un secteur particulier. Tibco propose ainsi des offres tournées vers l’industrie du pétrole et les salles de marché, alors que webMethods vise la grande distribution et Mercator, la santé. L’ajout d’une couche BPM leur permet de proposer un ensemble clé de processus métier préparamétrés en fonction des pratiques du secteur. Une démarche qui tend à accélérer l’intégration des applications.

Des outils reposant sur JMS et J2EE

La plupart des éditeurs de serveurs d’applications se positionnent eux aussi sur ce marché haut de gamme, par le biais d’offres EAI incluant des outils de BPM. BEA propose WebLogic Integrator, Microsoft Biztalk Server 2002, IBM WebSphere Integrator, Sybase E-Biz Integrator, Sun iPlanet Integration, etc. Moins matures, ces outils reposent en revanche sur des serveurs d’applications standards. De nombreux éditeurs à l’image de Progress Software avec Sonic XQ s’appuient en effet sur des normes Java, là où les éditeurs traditionnels d’EAI possèdent encore des bus propriétaires. Les deux normes omniprésentes sont JMS (Java Messaging Service) et JCA (J2EE Connector Architecture). Plus récentes, ces solutions d’EAI bâties sur des serveurs d’applications sont plus orientées sur l’orchestration de processus. Ce qui revient dans les faits à piloter l’appel d’EJB, de composants COM ou de services web depuis un moteur de workflow pour réaliser des traitements complexes.Il n’en reste pas moins qu’à part Microsoft, qui commercialise Biztalk pour 9 000 euros environ, et Sun, dont l’iPlanet est vendu un peu moins de 20 000 euros, tous les autres acteurs ont une offre dont le prix se situe au-dessus de 100 000 euros. Un coût prohibitif pour les PME ? Ces dernières n’auraient donc guère le choix si de nouveaux venus tels Sunopsis, Mediapps ou DataExchanger ne proposaient depuis peu des solutions adaptées à leurs budgets. Ces outils font un bon compromis entre les fonctions d’un ETL et une solution d’EAI. À l’image de Biztalk, elles sont généralement moins ” packagées “. La plupart d’entre elles ne proposeront en outre un bus asynchrone que dans leur prochaine version. Un décalage peu gênant, comme le fait remarquer Alain Dumas, PDG et fondateur de Sunopsis : “Jusqu’à présent, nos clients se contentaient d’automatiser leurs échanges dans une logique d’ETL.”

Des plates-formes pour orchestrer les services web

Enfin, un nouveau type d’outils bouscule les acteurs traditionnels de l’EAI. Il s’agit de plates-formes dédiées à la production et à l’orchestration de services web. Proposées par CapeClear, Shinka Technology, Iona ou Orchestra Networks, elles visent l’intégration d’applications en interne et le commerce collaboratif. Vu la simplicité et le faible coût de développement d’un service web, elles représentent une alternative intéressante pour les petits projets. Elles seront toutefois réservées à des intégrations privilégiant des échanges applicatifs au fil de l’eau et peu volumineux. “Un connecteur de type services web ne tient actuellement pas une forte charge, car les protocoles HTTP et XML consomment trop de ressources. Cela ne correspond pas à une approche industrielle de l’intégration”, estime Guénolé de Cadoudal, responsable EAI de Brainsoft.

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Frédéric Bordage