Il n’arrivera dans les magasins que dans deux mois mais nous avons eu la possibilité de jouer quelques heures avec le fleuron de la future gamme d’hybrides photo à capteur plein format de Panasonic : le Lumix S1R. Conçu comme un cuirassé et taillé pour affronter les vicissitudes d’une vie de terrain, cet hybride 24×36 profite d’un capteur de 47 Mpix, presque le double de la définition d’image de son petit frère le S1, équipé d’un capteur 24×36 de « seulement » 24 mégapixels.
Comme si cela ne suffisait pas et dans une volonté de démonstration technologique, Panasonic a implémenté le même système de super définition d’image qui équipait déjà la dernière génération d’hybride Micro 4/3. Ce mode « haute résolution » qui fonctionne sur trépied sur des sujets immobiles utilise la stabilisation mécanique du capteur qui se déplace rapidement de quelques pixels pour capturer huit images afin de les combiner.
Mais contrairement à l’A7R Mark III de Sony qui utilise le procédé pour renforcer le piqué d’image d’une photo de définition native, le Lumix S1R augmente la définition d’image. Et pas qu’un peu : le cliché final au format RAW affiche 187 Mpix ! Pour l’heure uniquement supporté par une version beta confidentiel de Silkypix Developper Studio 8 SE que nous a fourni Panasonic, ce fichier RAW une fois mouliné crache un fichier Jpeg de 16736 x 11168 pesant pas moins de 35 Mo.
Supersize me
Avant de plonger dans une brève analyse de la qualité d’image, sachez que nous avons effectué le test rapidement, l’appareil posé sur une rambarde – pas de trépied sous la main – et en mode P. Selon nous, dans ce cas de figure où l’on va rechercher l’image la plus fouillée, il aurait été plus intelligent de fermer le diaphragme à f/8 ou f/11 afin d’avoir une plus grande plage de netteté, mais l’appareil a automatiquement choisi f/4 (et nous, nous n’avons pas fait assez attention). Finalement, nous n’avons pas le droit de partager avec vous aucun des fichiers en pleine définition – le firmware est encore en version 0.7 et la qualité d’image n’est pas encore finale. Heureusement, Panasonic nous a autorisé à réaliser des recadrages (crops) à 100% pour vous donner une idée du niveau de détails.
Sur cette première comparaison, on constate que la définition quatre fois supérieure permet de plonger dans les détails, ce qui peut être nécessaire notamment pour les grands tirages. On peut aussi imaginer faire du downsampling c’est-à-dire shooter un sujet (immobile, il faut le rappeler) à 187 Mpix et redimensionner l’image en la réduisant à 47 Mpix afin d’augmenter le piqué de l’image (chaque pixel est alors codé par 4 pixels adjacents). Côté technique, la nouvelle méthode de stabilisation réussit très bien à éviter les mouvements parasites de l’eau, ce qui est vraiment appréciable.
Mais ne suffit-il pas d’étirer l’image de 47 Mpix pour obtenir un fichier de qualité similaire ? Que nenni, comme le démontre notre petite expérimentation, il s’agit bien d’un vrai fichier de 187 Mpix – qui impose certes des contraintes de shoot – avec un niveau de détails supérieur et un niveau de bruit (regardez bien les transitions de gris sur la lampe) bien inférieur. Le revers de la médaille quand il s’agit de travailler dans une telle définition d’image ? La simple conversion du RAW vers le Jpeg met notre Core i7 8550U à genoux et le procédé mange toute la RAM. Vous comprenez pourquoi les créatifs ne peuvent se contenter de 8 Go de mémoire vive ?
Pour des photos d’objets (packshot) ou des paysages très statiques, le nouveau mode super résolution du Lumix S1R semble être une arme fatale pour se passer d’un appareil à capteur moyen-format. Cette fonction réservée à certains usages est une chose, mais qu’en est-il de la qualité d’image « normale » à 47 Mpix ?
Et les optiques ?
Les photos ci-dessous ont été prises dans des conditions idéales pour faire parler le capteur de 47 Mpix : Panasonic avait fait préparer des scènes test en studio, avec des éclairages et des modèles professionnels que nous avons pu photographier. La lumière est maîtrisée, la sensibilité calée à 100 ISO. Et montée sur le boîtier, l’optique de référence en termes de qualité qui appartient à la gamme L de Panasonic : le 50 mm f/1.4 S Pro, un gros caillou d’un kilogramme qui s’affiche à 2500 euros. Il s’agissait ici de savoir ce que le capteur pouvait « cracher » comme qualité.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il « envoie du lourd » ! Le niveau de détail est absolument fabuleux comme vous pouvez le voir dans ces recadrages en 1200 x 800 pixels sur les yeux des modèles. Avec un tel niveau de détails, il va falloir faire attention au maquillage ou diminuer l’intensité de la netteté en post-production pour éviter de faire surgir les défauts de peau de vos sujets !
Dans un usage plus « reportage », pris en balade avec le 24-105 mm f/4 S, le capteur de 47 Mpix gère étonnamment bien les basses lumières. Tant au niveau du bruit numérique que du maintien des couleurs ! La « color science » de Panasonic sera de toute façon attendue au tournant par les professionnels car à ce niveau de prix, le niveau d’exigence va bien plus loin que ce que l’on espère d’un capteur Micro 4/3.
Equipement sans faille pour appareil blindé
Il fallait frapper fort et faire des choix : Panasonic a décidé de jouer la carte du tsunami technologique en intégrant dans son boîtier tous les équipements et fonctionnalités possibles. Et la marque a délibérément renforcé son engin pour cibler les reporters et baroudeurs.
En intégrant le meilleur viseur de l’industrie – 5,76 mégapixels, du jamais vu -, un écran orientable tactile 2,1 Mpix, la totale en termes de prises (HDMI, USB C avec recharge, etc.), la double stabilisation (optique + mécanique), etc. Panasonic a assuré côté impact en tentant de produire l’appareil sans faille dès le départ.
Ça, c’est pour l’équipement, vient ensuite la cible des boîtiers. Puisque Sony a déjà largement investi le segment du « plein format compact » – et que Nikon le suit dans ce chemin avec les Z7 et Z6 – Panasonic joue la carte de la robustesse. Jusqu’au bout : seuls les vrais gros reflex l’égalent en impression de solidité et en garanties techniques (tropicalisation, dizaines de joints d’étanchéité, certification -10°C, etc.).
La poignée très prononcée et le poids général de l’engin ne laissent aucun doute quant à la cible : même avec ses 47 Mpix, le S1R (et le S1 qui est conçu sur le même schéma) est taillé pour le reportage de terrain, celui-là même qui interdit l’usage des hybrides actuels jugés encore trop fragiles. Ce n’est pas pour rien si le double vainqueur du prix Pulitzer, Daniel Berehulak, est un des ambassadeurs de la marque.
Comme vous pouvez le voir sur cette image, le Sony A7 Mark III (à gauche), équipé lui aussi d’un 24-105 mm f/4 a l’air bien menu, presque chétif à côté. Une faiblesse qui est aussi un avantage puisque le S1R est l’hybride le plus lourd du moment : autant votre serviteur n’a pas grande appréhension à mettre dans son sac l’A7 Mark III avec le super léger Tamron 28-75 mm f/2.8 dont le test sera bientôt publié, autant le S1R n’est pas l’appareil à prendre à la légère. Ce n’est pas un boîtier de balade, c’est un outil de travail. Et c’est comme tel qu’il sera jugé courant février/mars, quand Panasonic nous enverra une version finale avec le firmware 1.0. On a hâte !
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