Nicolas Cerrato se définit comme le ‘ manager général, directeur sportif, un peu ce qu’on veut ‘ de Goodgame. Soit la cheville ouvrière de l’équipe française numéro un en
‘ sport électronique ‘. Aujourd’hui semi-professionnels, ces champions du jeu vidéo rêvent de professionnalisme. Entre sponsors, transferts, équipements et matériels de compétition, ils n’en sont pas
loin. Interview en pleine préparation de la Coupe du monde.01net. : Qu’est-ce qu’une équipe de jeu vidéo ?
Nicolas Cerrato : Chez Goodgame, il s’agit de six joueurs de Counter Strike et de six joueurs de Warcraft III. Plus moi, l’unique salarié. Je suis chargé de tout organiser, de
vendre notre image aux sponsors comme de dépenser notre argent. Une bonne partie du budget va aux déplacements. Des sponsors nous ont permis de nous déplacer pour des tournois à Londres, à San Francisco, à Dallas… C’est en y réalisant de
belles performances que les joueurs gagnent de l’argent. Sur une année, on peut estimer que chaque membre de l’équipe touche 10 000 euros.On est encore loin des chiffres de la Corée du Sud.
Oui, là-bas, un joueur a signé pour 2005 un contrat de 300 000 dollars. En Corée, le jeu vidéo est énorme, avec de véritables stars.Quand s’est créée l’équipe Goodgame ?
Il y a cinq ans, avec une bande de joueurs qui se connaissaient. Puis, peu à peu, on a recruté d’autres joueurs qu’on croisait dans des compétitions, dont on connaissait les compétences et qui s’entendaient bien avec nous.Les changements sont fréquents ?
Les joueurs tournent tous les 12 à 15 mois. Les transferts sont extrêmement fréquents dans ce milieu. On vient par exemple de s’entraîner avec une équipe anglaise composée de joueurs norvégiens, anglais et suédois.Comment recrutez-vous vos joueurs ?
A Goodgame, nous pratiquons deux jeux. Pour Counter Strike, nous recherchons des compétences bien particulières, invisibles aux yeux des non-spécialistes. Par exemple, un joueur qui communique bien pendant les parties.
Warcraft III, lui, est un jeu qui fonctionne avec des races, chacune ayant ses propres caractéristiques. Il nous faut donc des spécialistes de chaque race.
Au-delà du talent, un critère essentiel est l’organisation dans la vie quotidienne. Nous nous entraînons quand même dix heures par semaine, deux heures par jour. Avec des pointes à cinq ou six heures par jour pour un événement comme la
Coupe du monde.Sur votre site, quand vous présentez les membres de l’équipe, vous mettez aussi en avant leur matériel.
Parce que la souris, c’est comme la raquette. Je pense que Federer aurait du mal à jouer avec la raquette de Roddick. Chaque joueur a ses propres repères.
Prenez Warcraft III. Un programme permet d’y mesurer le nombre d’APM effectuées par chaque joueur, soit le nombre d’actions par minute. Les meilleurs oscillent entre 400 et 500 APM, pas loin de 10 actions
par seconde. Sans une très bonne souris, c’est inaccessible. La plupart des joueurs ont aussi leurs propres casques, avec carte son intégrée. Ainsi, ils sont certains d’avoir les mêmes bruits à l’entraînement qu’en match.Quelle est votre marge de progression ?
Il faut qu’en 2006 on puisse salarier les joueurs. C’est un milieu en pleine expansion. Si on veut progresser, il nous faut passer à un autre stade. Payer des joueurs les responsabilisera. Mais ce sera difficile en France. Aux Etats-Unis,
en Allemagne, en Angleterre, ça avance bien, parce que c’est là que se trouvent les sièges mondiaux et européens des constructeurs informatiques, qui sont les principaux sponsors de ce sport.Vous comptez sur la Coupe du monde pour franchir une étape ?
Il y aura de toute façon, et c’est bien, un côté ‘ le gamer sort de sa chambre ‘. Mes joueurs ne sont pas des nerds
[accros au jeu vidéo, NDLR], ils ne vivent pas enfermés
chez eux. J’ai plutôt du mal à les tenir, ils vont parfois trop en boîte. D’ailleurs, il vaut mieux pour ne pas se retrouver paralysé devant une tribune de 1500 spectateurs hurlants.
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.