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1- LA VEILLE DES TECHNOLOGIES EMERGENTES
7 juillet 2000 à 19:41
La manière de surveiller une technologie émergente dépend de l’usage que l’on veut en faire. Les grands industriels mettent de gros moyens sur la table, alors que les PME travaillent en équipes réduites, mais en collaboration avec des prestataires.
Mobiliser informaticiens internes et fournisseurs L’un des premiers objectifs d’une veille technologique ? Surveiller les technologies émergentes, bien sûr ! Il s’agit de ne pas se trouver dépassé par le marché ou par ses concurrents le jour où ces nouveaux outils sont effectivement rendus disponibles. La veille va permettre à l’entreprise de décider d’un budget, de planifier ses achats et de mettre en place l’ensemble des ressources nécessaires pour développer un produit ou un service s’appuyant sur les technologies concernées. Les moyens engagés sont très variés, et ils dépendent aussi bien de la taille de l’entreprise que de ses objectifs. Ainsi les laboratoires Pierre Fabre ont-ils identifié dès 1996 l’intérêt de passer à Java et à HTML. Et ils ont tout simplement confié la surveillance de ces techniques à un informaticien familier de l’entreprise. A la Fimatex, c’est la cellule de veille de l’hébergeur qui a déclenché des réflexions autour d’un projet WAP. Réflexions renforcées par des informations provenant du club des utilisateurs Nokia sur la disponibilité d’un téléphone idoine. Enfin, chez Alstom, les moyens mis en ?”uvre ont été à la mesure de l’entreprise. Un budget général pour les NTIC de plus de 6 millions de francs, et, pour les seules technologies sans fil à installer dans les trains et les métros, sept personnes et un laboratoire de test.
Pierre Fabre : une veille classique mais efficace pour déployer Java et HTML En 1996, le groupe pharmaceutique souhaitait migrer de son environnement centralisé vers les systèmes ouverts. Il surveillait de très près HTML et Java. ‘ A ce moment-là, les entreprises commençaient à remplacer leurs postes de travail sous Windows par des navigateurs ‘, raconte Philippe Tronc, directeur de l’organisation et du système d’information du groupe. L’activité de veille technologique s’est donc révélée essentielle dans le plan de refonte du système d’information. Le groupe Pierre Fabre a confié le projet de veille à l’un de ses cadres, qui avait exercé plusieurs responsabilités informatiques dans le groupe. ‘ Il nous fallait un informaticien généraliste, expérimenté, qui connaisse le fonctionnement du groupe ‘ , explique Bernard Laquais, chargé de mission chez Pierre Fabre. Il a utilisé une méthode de veille classique : revues spécialisées, colloques, collecte d’informations, etc. Une fois les résultats jugés suffisants, une personne a été recrutée pour renforcer la cellule de veille. Sa mission, formaliser les informations recueillies, de définir les besoins et d’aider à introduire rapidement les nouvelles technologies chez Pierre Fabre. La cellule de veille a négocié des contrats avec le cabinet d’expertise du Meta Group, avec la société de conseil SQLI, ainsi qu’avec le cabinet d’études des progiciels, le CXP, pour connaître les outils disponibles. La veille a finalement abouti à la planification du déploiement de HTML et de Java dans le système d’information. ‘ L’équipe de développeurs du groupe a pu s’approprier très tôt ces technologies pour mettre au point des applications client-serveur accessibles via le Web ‘ , explique Bernard Laquais. ISa
Mise en oeuvre : La Fimatex : propulsée dans le WAP avant tout le monde par son hébergeur et son appartenance au club des utilisateurs Nokia Charles Morane, directeur général de la Fimatex : ‘ Depuis le début de l’année, nos clients passent leurs ordres en bourse avec un Nokia 7110. ‘
La Fimatex, spécialiste du courtage en ligne, a été l’une des premières entreprises françaises à proposer à ses clients d’utiliser un téléphone WAP pour passer des ordres en Bourse. Pour anticiper ce genre de phénomène, la filiale de la Société Générale ne dispose pas, à proprement parler, de cellule de veille technologique interne. En revanche, cinq de ses ingénieurs surveillent régulièrement le marché, à l’affût de technologies qui pourraient renforcer le potentiel de leur entreprise. Ce sont eux qui ont imaginé pouvoir tirer parti des téléphones WAP pour effectuer des transactions. Pour s’assurer de la disponibilité du service dès le lancement de la technologie, la filiale de la Société Générale avait confié, très tôt, la veille au prestataire Atos, hébergeur de son site Web. ‘ Nous avons commencé à surveiller la technologie WAP en mai 1998, raconte Dominique Rerat, directeur recherche et développement chez Multimédia, filiale d’Atos chargée de la veille du groupe. La veille technologique fait partie des services que nous proposons à nos clients. ‘ Pour surveiller le WAP, Multimédia a constitué une équipe de dix personnes. Des réunions mensuelles ont ensuite été organisées entre les ingénieurs de la Fimatex et la cellule de recherche d’Atos. C’est lors de l’une de ces rencontres que le personnel de la Fimatex a décidé d’intégrer le WAP dans les activités de son entreprise. L’entreprise est, par ailleurs, membre du club des utilisateurs de téléphones Nokia. Ainsi informée de la date de la disponibilité du premier compatible WAP, le modèle 7110, et des résultats de la cellule Multimédia, elle a pu demander à Atos de rendre leur site WAP disponible au moment le plus favorable. Il ne restait qu’à planifier la promotion de ce nouveau service auprès des clients. Charles Morane, directeur général de la banque, se félicite du travail accompli. La Fimatex a été l’une des deux premières institutions financières à proposer des services WAP. ISa
Mise en oeuvre : Alstom : trois ans de réflexion et un laboratoire de tests pour se préparer au sans fil Guy-Michel Marcoux, vice-président de l’entité Advanced Technology chez Alstom : ‘ Notre veille a commencé effectivement avec l’annonce de Bluetooth. ‘
Certains industriels ne lésinent pas sur les moyens. Alstom, par exemple, investit en moyenne 6 millions de francs pour surveiller les nouvelles technologies. Il envisage ainsi d’introduire dans les trains et les TGV, ainsi que dans le métro, des réseaux sans fil sécurisés pour y installer de la vidéo et du multimédia. Pour atteindre cet objectif, l’industriel surveille les technologies sans fil depuis trois ans. ‘ C’est une technique qui offre davantage de sécurité que les câbles pour transporter tout type de données, explique Guy-Michel Marcoux, vice-président de l’entité Advanced Technology chez Alstom. Nous avons entamé notre réflexion il y a cinq ans. Mais notre veille sur le domaine a commencé effectivement avec l’annonce de Bluetooth. ‘ Il s’agit d’une technologie de transfert d’informations par ondes radio sur une courte distance – environ dix mètres -, avec un débit pratique de 700 Kbit/s. Et, contrairement à une liaison infrarouge, une liaison Bluetooth n’est pas interrompue par les obstacles. Alstom souhaitait l’adapter à un environnement industriel enfoui pour transmettre les informations entre le poste de commande et les rames des trains. L’équipe chargée de la veille est composée de sept personnes. Le noyau dur compte deux ingénieurs expérimentés, qui enrichissent l’équipe de leurs connaissances sur les réseaux sans fil. Ils sont accompagnés par cinq jeunes ayant environ trois ans d’expérience dans les nouvelles technologies. Leur rôle : apporter fraîcheur et curiosité. ‘ Notre équipe analyse l’état de l’art, consulte les revues spécialisées et s’informe également sur les sites Web des fournisseurs. ‘ Alstom est aussi en contact étroit avec des organismes extérieurs spécialisés dans les réseaux sans fil, comme l’université de Nancy. Elle bénéficie ainsi de travaux très avancés dans le domaine des réseaux industriels. Néanmoins, l’essentiel du travail s’effectue en interne, en laboratoire. L’équipe procède, en effet, à une analyse comparative des différentes techniques en termes de disponibilité et de sécurité. Elle a ainsi mis à l’épreuve la fiabilité de Bluetooth en le faisant fonctionner vingt-quatre heures sur vingt-quatre dans un système redondant. Un banc d’essai des produits et une maquette du projet envisagé viennent ensuite compléter ce travail. Si la maquette est concluante, les responsables d’Alstom l’insèrent dans un projet pilote : un cas réel, réalisé en collaboration avec la RATP ou la SNCF. Dans le cas de Bluetooth, les premières maquettes de projet seront mises en place à la fin de l’année. Le projet pilote sera lancé, dans la foulée, au début de l’année prochaine. Il est donc probable que, en 2002, on puisse consulter des informations multimédias dans les rames du métro. Ismaïla Sarr
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