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1- Différencier Bluetooth de wi-fi

Souvent dépréciée par la comparaison avec wi-fi, Bluetooth peut faire valoir sa polyvalence, sa faible consommation et sa fiabilité en termes de sécurité. Toutefois, son coût reste élevé.

Bluetooth trouve sa place à la périphérie du LANLa confusion règne entre Bluetooth et 802.11b (wi-fi). Il s’agit de deux technologies de communication sans fil en mode paquets qui fleurissent sur les équipements informatiques, et exploitent la bande de fréquences des 2,4 GHz. Lorsqu’on sait que 802.11b permet dès aujourd’hui d’atteindre le débit de 11 Mbit/s, un débit qui devrait augmenter, alors que Bluetooth n’offre de son côté que 1 Mbit/s, on peut estimer que la cause est entendue.Pourtant, les deux technologies ne se ressemblent vraiment pas. “Elles ne sont pas en compétition, confirme Bernard Dodeman, ingénieur et consultant chez D@Systèmes. Bluetooth a un bel avenir dans des domaines comme la domotique ou les liaisons sur courtes distances, alors que wi-fi est bien adapté à une utilisation en réseau d’entreprise.”Cette distinction résulte bien de deux projets différents. 802.11 est un portage sur liaison radio des technologies Ethernet omniprésentes dans les réseaux locaux. Bluetooth, présenté en 1994 par Ericsson et dont la version 1.1 est disponible depuis fin 2001, est une technologie de liaison sans fil point à point de toute autre conception.Pour décrire son utilisation, un terme a été créé : PAN (Personal Area Network), ou réseau personnel. Il désigne une liaison courte distance pour connecter les différents appareils numériques d’un utilisateur : téléphone, PDA, PC, imprimante… Bluetooth permet également de raccorder un équipement à un point d’accès LAN et ce, sans que ce soit sa principale vocation.

Faible consommation et ” profiles “

Ne pouvant rivaliser avec 802.11b sur le débit, Bluetooth peut faire valoir deux autres atouts. “La très faible consommation des interfaces Bluetooth les rend adaptées aux équipements mobiles”, explique Cédric Mangaud, directeur général d’Abaxia. Ainsi, une interface Bluetooth active avec une portée de 100 m ne consomme que 100 mW, soit quinze à vingt fois moins qu’un mobile GSM pour la même transmission. Sur 10 m (l’implémentation la plus courante) en mode full duplex, cette consommation tombe à environ 20 mW. 802.11b ne peut pas s’aligner.Comme le résume Thomas Renault, responsable Internet Mobile chez Micropole Univers : “Il est aujourd’hui techniquement impossible d’installer un composant wi-fi dans un téléphone mobile : l’autonomie serait énormément réduite.”Un point que nuance Jean Buret, responsable technique d’Intervalle : “L’écart de consommation entre les deux technologies va s’amenuisant, au point qu’on peut aujourd’hui équiper un PDA avec wi-fi. Mais par sa conception, Bluetooth reste moins gourmand.”Le second atout de Bluetooth est son haut niveau d’intégration, adapté à une logique de fabrication industrielle.“Bluetooth a été conçu dès l’origine pour une grande diversité d’équipements, explique Rémy Poulachon, responsable mobilité de Cross Systems. Il couvre cinq couches du modèle OSI contre trois pour 802.11b. Il gère par exemple les transmissions voix de façon native, ce qui n’est pas possible avec wi-fi.”Bluetooth se base sur des ” profiles “, qui sont des composants fonctionnels intégrés dans la pile du protocole capables de s’acquitter d’un service spécifique : connexion au réseau local, connexion par modem RTC, communication série, ou encore oreillette pour téléphone mobile. Un périphérique Bluetooth n’intègre que les profiles qui lui sont nécessaires.

Bluetooth trop cher ?

Cette vocation industrielle est contrariée pour des questions de coût. Les promoteurs de Bluetooth ont promis des interfaces à deux ou trois euros. Or, le prix des puces qui équipent ces interfaces se situe encore aujourd’hui a environ sept euros. Ainsi,“Bluetooth reste une technologie de distinction et pas du tout ce qu’elle devrait être : une technologie d’utilisation courante bon marché “, constate Olivier Bernier, responsable du développement produits mobiles Bluetooth de Siemens.Pour s’en convaincre, il suffit de regarder les annonces récentes : le tout dernier modèle de Palm, le Tungsten, comporte bien une interface Bluetooth de série, mais il coûte deux fois plus cher que le modèle juste en dessous. Idem pour les téléphones mobiles, ou les ordinateurs portables, pour lesquels Bluetooth n’équipe que le haut de gamme.

Une lente mise au point

Autre obstacle à sa véritable diffusion, Bluetooth a connu et connaît encore de nombreux problèmes techniques. Comme avec toute technologie de communication jeune, l’interopérabilité est peu satisfaisante. Au point que les constructeurs eux-mêmes multiplient les mises en garde à leurs acheteurs. Ensuite, les picoréseaux Bluetooth peuvent rapidement saturer.Le nombre théorique de sept connexions point à point simultanées, soit un maître connecté à sept esclaves, pose problème : “Trois ou quatre liaisons constituent dans mon expérience une limite au-delà de laquelle le fonctionnement est dégradé. J’ai même l’habitude de désactiver certains de mes équipements pour ne pas créer de perturbations”, témoigne Cédric Mangaud.
De plus, alors qu’ils devaient pouvoir fonctionner en ” bonne intelligence “, l’expérience montre que Bluetooth et 802.11b (wi-fi) ne s’aiment pas. Le premier, plus robuste grâce à sa technologie de saut de fréquence, tend à réduire la portée du second.Par ailleurs, comme le note Olivier Giroud, directeur technique et fondateur de Baracoda : “Il faut vraiment se poser des questions sur l’expérience utilisateur et particulièrement sur la configuration. La gestion des profiles et de l’appariement entre équipements Bluetooth devrait être standardisée, avec une vision marché et utilisateurs. Aujourd’hui, la procédure est trop complexe.”De nombreuses entreprises y travaillent, et apportent des solutions propriétaires satisfaisantes. L’intégration annoncée de Bluetooth dans les systèmes d’exploitation GNU/Linux, Mac OS et Windows devrait aussi contribuer à la simplification.

Une sécurité à ne pas négliger

Enfin, Bluetooth est généralement moins critiqué que 802.11b en ce qui concerne sa sécurité. Son modèle de transmission par saut de fréquences rend assez difficile l’interception du signal. La faible portée de la plupart des implémentations va dans le même sens. Les couches basses du protocole bénéficient d’une sécurisation améliorée par les corrections apportées sur la version 1.1.Cependant, la complexité des connexions a des conséquences fâcheuses. Pour simplifier les procédures, les utilisateurs désactivent une partie des fonctions d’identification. Il devient alors facile de se connecter à leurs équipements, de lire leurs données, de passer des coups de téléphone sur leur compte, en utilisant soi-même un équipement Bluetooth et en lançant une procédure de découverte de services.

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Renaud Bonnet