Les développeurs font partie des informaticiens qui se sentent les plus bloqués dans leur carrière par leur âge. Il faut dire que, pour eux, la mobilité interne semble une voie sans issue. “Nous avons du mal à proposer une évolution de carrière à des personnes qui restent dix ans dans des services où le turnover dépasse 50 % !“, avoue le DRH d’une grande SSII. A défaut d’une progression de carrière négociée dans les deux premières années dans l’entreprise, les chances de se voir proposer un poste à responsabilités sont effectivement faibles.
La connaissance des métiers de l’entreprise est un plus
La solution est donc évidente : partir. C’est ainsi que Henry, trente-sept ans, a choisi de faire le grand saut vers l’indépendance. “J’étais considéré comme un producteur de code ! Les quelques places de chef de projet m’ont toutes échappé en huit ans de carrière dans une SSII parisienne. Je me sentais fort techniquement et j’avais établi des liens solides avec certains clients. Alors, j’ai préféré mener ma carrière en solo à partir du début 1999. Et c’est même intéressant financièrement. ” Mais les offres les plus intéressantes émanent certainement des éditeurs ou des cabinets de conseil. Ceux-ci demandent à leurs consultants de posséder un bon niveau technique et, souvent, une solide connaissance du secteur ou des métiers de l’entreprise (achat, comptabilité, etc. ). L’expérience en développement y est donc recherchée. A condition que, après trente-cinq ans, elle permette d’exercer des fonctions plus transversales, allant jusqu’au conseil. Autre possibilité, d’ailleurs : la voie commerciale. Elle reste néanmoins réservée aux bons organisateurs et aux gestionnaires d’équipe, et elle implique une rémunération à part variable.
Même les start up recherchent des expertises techniques
Contre toute attente, il ne faut pas oublier les start up. Bien sûr, elles privilégient les jeunes diplômés. D’abord, pour des questions de rémunération. Ensuite, parce qu’un développeur de plus de trente-cinq ans possède en général et surtout des bases solides dans les langages classiques, peu intéressantes dans le business du web. “A quarante ans, le meilleur des développeurs maîtrise rarement les langages de notre quotidien”, confirme Grégory Quignon-Fleuret, PDG de la web agency Orange Art. Pourtant, il tempère rapidement : “Nous collaborons avec des gens aux parcours atypiques, comme cet ancien expert-comptable de quarante-deux ans. Formé seul aux technologies internet, sa maturité et son expertise technique constituent pour nous une aide précieuse. “
Pour Pierre Dellis, délégué général du Syntec Informatique, partir dans une start up n’est, de toute façon, pas une question de compétences, mais de volonté de prendre des risques. “A quarante ans, on a souvent charge de famille et des obligations financières. Et la décision de se lancer est difficile à prendre. Mais quand la moyenne d’âge d’une équipe de développeurs tourne autour de vingt-trois ou vingt-quatre ans, intégrer une personne mûre et d’expérience structure les développements et maintient un bon niveau technique. ”
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