“Une architecture de stocka-ge n’est pas un choix technique mais métier”, affirme Xavier Fessart, directeur de la division Stockage de Compaq France. Abandonnant la blouse blanche pour le bleu de travail, les constructeurs de systèmes de stockage renforcent ou créent ?” c’est le cas pour LSI Logic ?” leurs offres de services et de conseil à la mise en ?”uvre. “Le plus important est de bien comprendre ses besoins, poursuit Xavier Fessart. Quand j’arrive chez un client, j’essaie en premier lieu de savoir si l’entreprise a une idée précise de ses ressources de stockage.” Bien souvent, le bilan, très sommaire, se résume à la liste des disques disponibles, à leur capacité nominale et à leur taux d’occupation.
Recenser toutes les données
Mais la mise en ?”uvre ou l’extension d’un réseau de stockage exige d’aller plus loin. “Dans beaucoup de cas, l’entreprise qui fait une analyse de ses données s’aperçoit que nombre d’entre elles sont stockées en double ou qu’une part importante n’a pas été sollicitée ou modifiée depuis un an ou plus, avertit Marc Landwerlin, directeur des ventes Europe du Sud de Legato. Une simple réorganisation des données suffit parfois à éviter d’ajouter des disques là où cela n’est pas réellement nécessaire.” Recenser toutes les données qui ont été modifiées dans les derniers quatre-vingt-dix jours, puis toutes celles qui n’ont pas été sollicitées depuis plus de six mois donne d’ores et déjà une idée assez précise des besoins en capacité de stockage.Mais encore faut-il qualifier cette capacité. “Toutes les applications n’ont évidemment pas la même importance stratégique pour l’entreprise”, note Xavier Fessard, avant de prêcher pour l’élaboration d’une politique de stockage des données. Un schéma de réflexion qui s’appliquerait aussi bien aux grandes entreprises qu’aux petites. “Posez-vous une seule question, lance pour sa part Marco Culter, vice-président de la division stockage de Computer Associates, combien d’argent vous coûte, par jour, de ne pas pouvoir accéder à telle ou telle partie de vos données ?” De la réponse, élaborée au sein de chaque service ou unité d’affaire, dépend directement, selon les constructeurs, l’architecture matérielle à mettre en place.
Des configurations coûteuses
Bien sûr, certaines configurations paraissent relativement simples. L’application de base de données d’un service d’aide à la clientèle, par exemple, a de fortes chances de se retrouver hébergée sur un réseau de stockage Fibre Channel, auquel seront reliés plusieurs serveurs d’applications mis en grappe. Leurs données seront répliquées à distance sur un SAN utilisé en miroir pour permettre une bascule immédiate en cas de défaillance. Pour ce qui concerne le courrier électronique, un couple de serveurs NAS dotés de mécanismes de réplication apparaît suffisant.Ces configurations sont désormais accessibles à des entreprises de taille moyenne. HP, Sun ou encore QLogic ont ainsi lancé ces derniers mois des offres SAN de milieu de gamme à 60 000 euros environ. Il en va de même des serveurs NAS, qui se stabilisent autour de 10 000 euros pour les versions de haut de gamme dotées de puissantes fonctions de sécurisation des données. Mais, encore une fois, le coût de l’administration ou de la possession joue un rôle déterminant.Certains besoins peuvent ainsi aboutir à des configurations, sinon complexes, du moins coûteuses en termes d’administration. Par exemple, la sauvegarde systématique, sur des lecteurs de stockage sur bande, de l’historique de facturation d’une administration des ventes pose un sérieux problème de sécurité. “Comment assurez-vous la duplication de ces sauvegardes pour garantir que, même en cas d’incendie du siège social, l’historique des transactions avec la clientèle ne sera pas perdu, avec toutes les complications que cela engendre ?”, interroge un récent rapport du cabinet Strategic Research, avant de noter que ces réplications se font fréquemment au travers du réseau IP, y réintroduisant un trafic volumineux que des technologies telles que le SAN sont justement censées éviter. Sans réelle surprise, les questions d’architecture ne sont pas davantage simplifiées par les nouvelles technologies ?” en particulier iSCSI.“Pour cette dernière, il faut même tabler sur une complexité supplémentaire, avertit Marco Culter. Même dans le cadre d’un SAN, il est aujourd’hui relativement facile d’identifier quel composant contribue à ralentir les performances d’une application. Avec iSCSI, les performances des transferts de données seront beaucoup moins facilement vérifiables, parce que masquées par le fonctionnement du réseau IP lui-même. Au lieu de pouvoir analyser directement le flux de données entre la ressource et l’application, il faudra déduire ce dernier de l’analyse des transactions IP entre le système d’exploitation du serveur d’application et l’interface iSCSI de la ressource de stockage.”
Des capacités d’administration à distance
Si tous les constructeurs s’accordent à repousser dans un futur encore lointain le décollage réel d’iSCSI ?” notamment en raison de l’absence à ce jour de réelles garanties en matière de sécurité de l’accès aux données ?”, la technologie de stockage sur IP n’en change pas moins radicalement les perspectives. “L’évolution dont nous sommes les témoins actuellement est comparable à celle des réseaux de données”, note Steve Whitner, directeur marketing d’Adic. Selon lui, les équipements de stockage doivent désormais disposer de capacités d’administration à distance qui leur permettent de s’intégrer aux futurs réseaux de stockage distribués, comme l’ont fait jadis les équipements de réseau. “Quelle que soit l’évolution des technologies, un réseau de stockage est avant tout un réseau”, souligne pour sa part Mark Lewis, vice-président de la division stockage chez Compaq, qui invite les responsables stockage des entreprises à dialoguer avec leurs homologues chargés du réseau. “Pour garantir son adaptation aux technologies futures, c’est aux extrémités du réseau et non en son c?”ur que doivent être mises en ?”uvre les technologies les plus complexes. L’obstacle en matière d’interopérabilité n’en sera que plus facile à franchir”, conclut-il.
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