La voiture électrique de l’année 2024 a bien des qualités, nous les avons soulignées lors de son essai, mais est-elle une vraie routière ? Pour le dire autrement, est-ce raisonnable de prendre la route et d’enchaîner des centaines de kilomètres avec le SUV 100 % électrique de Renault ? Pour le savoir, rien de mieux que de s’adonner à l’exercice, ce que nous avons fait il y a quelques jours sur notre trajet de test préféré entre l’île-de-France et la Vendée.
Cet itinéraire long de 480 km, nous avons pris l’habitude de le faire avec plusieurs véhicules électriques. Objectif affiché de chaque traversée : se limiter à une seule charge, la plus courte possible. C’est ce que nous avons tenté, avec la version « Alpine Spirit » du SUV électrique, sur un trajet aller-retour d’environ 1 000 km donc.

Objectif de l’exercice : tester en conditions réelles la consommation sur long trajet du Scenic, mais aussi la vie à bord ou encore les capacités de son planificateur d’itinéraires. Au terme de ce second essai, dont le but est bien de compléter notre premier test du Renault Scenic E-Tech, nous avons choisi de nous arrêter sur cinq enseignements. Ils sont essentiels pour comprendre comment le Scénic est devenu la première véritable routière électrique de Renault.
1 – Un confort à bord qui ne diminue pas
Avant de parler technique et performances pures, commençons peut-être par ce qui pourrait sembler accessoire, mais qui ne l’est pas. La vie à bord du Scenic électrique, et sa conduite sont particulièrement agréables. Renault a réalisé un excellent travail pour rendre son habitacle accueillant et l’environnement à bord ultra-confortable, que ce soit à l’avant ou à l’arrière. En plus de disposer d’une place conséquente, les occupants peuvent également apprécier le travail réalisé en matière d’isolation acoustique. C’est une constante sur les voitures électriques, mais toutes ne parviennent pas au même niveau de résultat, notamment lorsqu’on roule à 130 km/h sur l’autoroute. Avec le SUV électrique de Renault, les bruits de roulage sont évidemment présents,, mais ils restent feutrés.
L’écran central tournant sous Android Automotive offre lui une navigation proche des smartphones Android malgré la surcouche maison OpenR. Quant à l’écran d’instrumentation, il offre juste ce qu’il faut pour le conducteur qui n’a alors plus besoin de détourner régulièrement le regard, comme ça peut être le cas sur un Tesla Model Y, par exemple.
2 – Une consommation nettement plus élevée qu’en ville
Lors de notre premier essai du Renault Scenic E-Tech 100 % électrique, nous n’avions pas pu déterminer la consommation sur autoroute du SUV. Nous écrivions alors ceci : « Nos deux boucles d’essai de près de 300 km dans les environs de Malaga en Andalousie nous ont permis de constater une consommation moyenne oscillant entre 17 et 18 kWh/100 km. En extrapolant ces chiffres, nous arrivons à un total d’environ 370 km sur autoroute, ce qui ferait du Scénic E-Tech une routière électrique. En usage purement urbain, il nous semble même possible d’approcher les 600 km tant le SUV parvient à diminuer sa consommation dans cette configuration. »

Et dans les faits ? De quoi est vraiment capable cette batterie de 87 kWh ? Le résultat est assez proche de notre estimation, car avec 26 kWh/100 km de consommation moyenne, nous avons effectivement pu rouler environ 330 km avant de devoir nous arrêter à une borne de recharge. Bien sûr, ce chiffre reste théorique et le résultat d’un trajet de 1 000 km dans des conditions relativement clémentes (températures douces mais beaucoup de vent). Il peut varier en fonction d’autres paramètres tels que la température extérieure, bien sûr, mais aussi la pression des pneus ou l’utilisation de la climatisation à bord.
En définitive, la consommation constatée sur voie rapide est bien plus élevée que sur les routes secondaires que nous avions empruntées lors de notre premier essai. C’est tout à fait normal, mais compte tenu des 625 km d’autonomie annoncés, il était possible d’espérer légèrement mieux.

3 – Les 300 km sans arrêt sont assurés
Dans notre protocole de tests des voitures électriques, la barre symbolique des 300 km parcourus détermine si une voiture peut être qualifiée de routière. Dans le cas de notre essai, à 130 km/h sur autoroute pour une bonne partie du trajet, le Scénic parvient à ce résultat sans difficultés.

Comme nous le disions plus avant, à cette vitesse, il est possible et envisageable de viser 330 km sans arrêt pour charger dans des conditions classiques. La bonne nouvelle, c’est que dès que la vitesse se réduit un peu, sur des portions limitées à 110 km/h ou lors de la formation de bouchons, la consommation se réduit drastiquement, ce qui allonge inexorablement l’autonomie.
4 – La courbe de charge tient le choc
Au moins autant que la taille de la batterie, ce qui compte sur les longs trajets, c’est le temps nécessaire pour la charger. Dans le cas du SUV électrique de Renault, si la taille de l’accumulateur laisse présager le meilleur (87 kWh), la vitesse de recharge (150 kW) laisse place à quelques craintes. Cette puissance est même réduite à 130 kW pour la version dotée de la batterie de 60 kWh.
Le constructeur annonce pourtant des temps de charge honorables avec un 20 % à 80 % en 37 minutes. Dans notre cas, nous avons pu vérifier cette prédiction que sur l’une de nos deux charges. Le passage de 19 à 79 % ayant été réalisé en 38 mn précisément. Un arrêt inopiné de la borne lors de notre seconde charge rapide nous a privé d’une seconde mesure fiable. En revanche, dans les deux cas, nous avons pu constater que la courbe de charge était plutôt bien tenue et que, jusqu’à 70 %, le Scenic pouvait espérer charger à 100 kW. Passé ce seuil, la courbe s’effondre doucement et il faut alors presque autant de temps pour aller jusqu’au chargement complet de la pile.

40 mn d’arrêt toutes les trois heures, ce n’est pas rédhibitoire, en effet, mais il faut garder en tête que le total de 330 km est à considérer avec une charge pleine. Avec 80 % de batterie au départ, l’autonomie se réduit à 265 km. Cela fait tout de même un total de près de 600 km avec un seul arrêt, ce qui devrait couvrir une bonne partie des déplacements, même longs.
Néanmoins, la vitesse de charge de 150 kW du Scenic ne peut qu’être considérée comme l’un de ses points faibles, surtout lorsque ses concurrents les plus sérieux, Tesla Model Y en tête, proposent des temps de recharge nettement plus courts.
5 – Le planificateur n’est pas parfait
Considéré comme l’un des meilleurs outils du marché, le planificateur de Google est celui qui équipe le Scenic électrique et, pour cause, Renault s’appuie sur Google Automotive pour la gestion de son interface. Dans notre cas, le planificateur s’est avéré assez précis à l’aller comme au retour en n’indiquant qu’un seul arrêt.

En revanche, l’outil de gestion d’itinéraire est rapidement pris à défaut lorsqu’on ne respecte pas ses consignes. Un exemple : ayant la réserve nécessaire pour nous arrêter à l’aire d’autoroute suivante, nous avons pris la décision d’ignorer la recommandation de Google sur notre trajet retour. Après avoir insisté pour nous contraindre à prendre la prochaine sortie et revenir sur nos pas, le planificateur s’est pendant quelques minutes aventuré à nous proposer une charge d’appoint sur une borne 11 kW… Ce n’est qu’à l’approche de notre destination cible, c’est-à-dire à moins de 5 km de la borne rapide, que le planificateur d’itinéraires du Scénic n’a repris ses esprits pour nous confirmer que nous pourrions finalement atteindre notre destination.
C’est là un exemple des faiblesses actuelles de ce genre d’outil qui ne peut se baser que sur les quelques dizaines de km parcourus précédemment pour estimer l’autonomie en temps réel. D’ailleurs, la proposition de Renault d’indiquer deux valeurs d’autonomie (sur autoroute et en ville) est plutôt une bonne idée, mais elle ne masque pas les (petites) faiblesses de son planificateur. Au final, l’outil de Google Maps peut être utilisé sans risque, il faut juste garder en tête qu’il est plutôt prudent dans ses recommandations et qu’une réflexion « humaine » peut aisément compléter ou améliorer ses recommandations.
Verdict de l’essai :
À l’issue de cet essai de 1 000 km, réalisé en deux temps, il apparaît que le Renault Scenic E-Tech 100 % électrique n’est pas seulement l’une des meilleures voitures électriques de ces derniers mois, c’est aussi une routière électrique très honnête qui permet de prendre la route sans craindre un passage répété à la borne DC, ni même des temps de recharge interminables. Néanmoins, la vitesse de charge rapide de 150 kW constitue à notre sens une légère faiblesse. Celle-ci est acceptable compte tenu du rapport qualité-prix du SUV électrique de Renault, mais on ne peut s’empêcher de penser qu’un petit effort supplémentaire du constructeur au Losange sur ce point aurait fait des merveilles. En attendant, c’est une mission réussie, une de plus, pour ce nouveau Scénic électrique.
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