Le déploiement international d’Apple Intelligence est un casse-tête pour Apple. Les fonctions IA — résumé de notification, outils d’aide à l’écriture, génération d’images… — ne sont en effet disponibles qu’en anglais, et elles sont même carrément bloquées dans l’UE. Il est toutefois possible de les activer, au prix d’une manipulation qui peut se montrer embêtante au quotidien.
Un équilibre délicat entre confidentialité et exploitation des données
Courage ! Ces fonctionnalités seront lancées sur le vieux continent en avril prochain sur iPhone et sur iPad, et probablement en français (sur Mac, elles sont déjà disponibles sans bidouille, mais uniquement en anglais). Apple a levé les incertitudes juridiques liées au DMA auprès des autorités européennes.
Si les choses ont l’air de s’arranger en Europe, Apple doit encore démêler le cas épineux de la Chine où le constructeur se frotte non seulement à l’administration mais aussi à des difficultés techniques. Les modèles IA utilisés en Chine doivent en effet respecter des engagements de sécurité, de confidentialité et de contenu (la fameuse censure) spécifiques, et ils doivent être validés par le régulateur.
En théorie, le pays n’interdit pas la présence de modèles IA étrangers, mais dans les faits l’examen et l’autorisation de ces modèles ne sont pas une priorité de l’administration. C’est pourquoi Apple travaille avec le géant Baidu pour intégrer son propre modèle, Ernie 4.0, au cœur d’Apple Intelligence selon le site The Information. Baidu est un partenaire de longue date : il est le moteur de recherche par défaut de Safari en Chine depuis 2012, et de Siri depuis 2015.
À l’heure actuelle cependant, les réponses fournies par ce modèle aux requêtes de l’utilisateur ne seraient pas jugées suffisamment bonnes. Le modèle de Baidu se base uniquement sur les données utilisées pour l’entraîner, alors qu’Apple veut y intégrer des données spécifiques à l’utilisateur (utilisation des apps, historique des messages…) pour proposer des réponses personnalisées. Les recommandations de restaurants de Baidu, par exemple, ne sont pas aussi pertinentes que celles que pourraient faire un Siri carburant au modèle IA d’Apple.
Baidu est prêt à faire les investissements nécessaires pour allouer davantage de ressources au développement d’Apple Intelligence en Chine. Mais il faudra aussi régler une autre question importante : l’exploitation des données des utilisateurs. Baidu voudrait moissonner et analyser les données provenant de l’utilisateur d’Apple Intelligence pour améliorer et personnaliser les réponses de son modèle. Mais la politique de confidentialité du constructeur interdit la collecte de ce type d’informations…
Pour Apple, il est impératif de proposer Apple Intelligence en Chine pour soutenir des ventes d’iPhone à la peine, même si ça n’est pas la recette assurée du succès. Malgré l’intégration de fonctions IA dans ses Galaxy S24, Samsung (qui s’appuie aussi sur les modèles de Baidu en Chine) n’a pas vraiment connu de succès retentissant : la part de marché du constructeur coréen a même reculé après le lancement de ces smartphones, passant de 0,8 % en janvier à 0,7 % le mois suivant.
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Source : The Information
