De mémoire de joueur, aucune console Sony n’a été autant décriée que la PlayStation 5 Pro. À mi-chemin de sa vie, la PS5 s’offre un nouveau lifting après sa version Slim testée ici. Jusque-là rien d’anormal, la génération précédente avait connu le même traitement. D’ailleurs, on se souvient encore de cette PS4 Pro qui n’apportait finalement qu’un petit confort visuel en plus et qui n’avait pas fait trembler la PS4 Slim.
Aussi, est-on en droit de se demander si l’on ne risque pas de revivre le même schéma avec la PS5 Pro. Si c’est le cas, la pilule serait d’autant plus énorme que cette dernière arrive sans lecteur optique et avec un tarif gonflé aux hormones. Comparée à la PS5 Digital Edition, elle observe une augmentation tarifaire de près de 60 % !
Comment Sony justifie-t-il ce surcoût ? Et bien on a une nouvelle livrée et du Wi-Fi 7, mais on relève surtout les deux aspects techniques censés faire le sel de cette PS5 Pro : le mode Pro et le PSSR. Des ajouts qui, sur le papier, promettent de transformer l’expérience visuelle des jeux PS5.
À 800 euros la bête, ou 930 euros si l’on y ajoute un introuvable lecteur optique, la PS5 Pro a intérêt d’être révolutionnaire et époustouflante.
À quelques encablures de Noël, faut-il donc se jeter sur cette PS5 1.5 ou lui préférer sa version Slim plus sage, mais bien moins onéreuse ?
Oui, pour le design optimisé
Avant même de l’allumer, c’est le premier contact que l’on a avec cette PS5 Pro qui est agréable. Sortie de son carton, elle révèle sa robe légèrement remaniée. Coup de chance, elle ne reprend pas les parties brillantes de la PS5 Slim. Salissantes, aisément rayables, nous les avions conspuées lors du test de la PS5 Slim, et de la PS4 Fat avant elle.
Comme sur la PS5 Slim, on peut soulever les différentes parties hautes pour installer un SSD supplémentaire et étendre le stockage au-delà des 2 To inclus. De l’autre côté, on retrouve le même espace pour ajouter un lecteur optique, comme sur la PS5 Slim.
On note également que Sony a amélioré son agencement, rendant accessible en un coup de tournevis la pile CMOS gardienne de la mémoire de la console lorsque celle-ci n’est pas branchée. Autre optimisation, le ventilateur est désormais plus facilement démontable, ce qui simplifie grandement son nettoyage.
Le poids de l’ensemble est largement inférieur à celui de la PS5 Fat (3,057 kg contre 4,450 kg). Certes, on ne trimbale pas sa console à longueur de temps, mais cela influe aussi sur l’épaisseur de la machine et c’est plus intéressant. Elle perd 1,5 cm en hauteur par rapport à la machine d’origine (9,5 cm contre 11 cm). De quoi la glisser plus facilement dans les meubles TV étroits.
Pour la poser à plat, on retrouve les patins en plastique de la PS5 Slim. Toujours pas de socle vertical dans la boîte alors qu’il était de base avec la PS5 Fat. La mesquinerie de la PS5 Slim est encore plus criante à 800 euros.
Non, pour sa réparabilité trop complexe
Si l’on peut louer les optimisations matérielles apportées à la PS5 Pro, on ne peut passer sous silence nos suspicions de réparabilité complexifiée.
C’est un aspect que l’on peut attribuer aussi aux autres PS5 puisqu’il leur est commun. Et ça se matérialise par deux entrées : le métal liquide et le SSD.
Le premier a été choisi pour remplacer la classique pâte thermique sur le SoC de la console. Utilisé depuis quelques années par les overclockers, ce matériau conduit mieux la chaleur et dispose d’un meilleur gradient thermique qui permet à l’ensemble de gagner significativement en efficience.
Revers de la médaille, il se maîtrise moins bien que la pâte thermique et peut ronger le métal. De fait, puisqu’il est liquide, il peut couler hors de sa zone et dégrader d’autres pièces. Des réparateurs de PS5 ont remonté de telles expériences. Quand cela arrive, c’est direction SAV et une belle facture en sus si la console n’est plus sous garantie.
L’autre partie concerne le SSD. Chez Sony, on a décidé de souder le SSD à la carte-mère, contrairement à Microsoft qui utilise un SSD M.2 simplement retenu par une vis sur la Xbox Series X.
De fait, si le SSD de la PS5 Pro venait à mourir, il serait très compliqué de le changer. Impossible pour le quidam de s’atteler à la tâche. Un électronicien devra intervenir et la facture sera salée.
Avec les PS5, il est loin le temps des PS3 où l’on pouvait tout changer soi-même, jusqu’à refaire la pâte thermique du Cell.
Oui, pour le silence et sa consommation
Avec une puce graphique plus puissante, Sony a dû revoir son système de refroidissement. On pourrait craindre qu’elle ne chauffe plus et émette donc bien plus de bruit, mais il n’en est rien.
On est au niveau d’une PS5 Slim et donc moins qu’une PS5 Fat lorsque la machine est en charge, en plein jeu. C’est très confortable. À distance raisonnable lorsqu’elle est branchée sur un TV – environ deux mètres – elle est inaudible. On note aussi des évents plus espacés à l’arrière de la console, ce qui participe à une meilleure évacuation de la chaleur.
Côté consommation, et bien il n’y a pas de quoi ouvrir en deux son PEL. Oui, la PS5 Pro consomme un peu plus que la PS5 Fat, mais juste un peu. On parle de 10 Watts supplémentaires sur une moyenne de 200 Watts, soit environ 5 %. C’est tout à fait raisonnable et ça ne se ressentira pas sur la facture annuelle de votre fournisseur.
Oui, pour la fluidité des jeux
Venons-en à ce qui nous anime lorsque l’on démarre cette PS5 Pro, le coeur de la bête : ses performances accrues. Oui, parce que PlayStation a retravaillé en profondeur sa console pour livrer la quintessence de son savoir-faire. Pour le prix demandé, on n’en attendait pas moins.
Si le CPU n’a pas été touché, le GPU est bien plus performant sur le papier. Sony injecte un processeur graphique 62 % plus rapide, avec 16,7 téraflops de calcul graphique brut et 2 Go de RAM suplémentaires. Cette recette est censée apporter 45 % de performances de rendu en plus, du ray-tracing deux fois plus présent et surtout le PlayStation Spectral Super Resolution (PSSR). Cet équivalent du DLSS de Nvidia doit alléger le traitement graphique par intelligence artificielle et ainsi booster la fluidité sans sacrifier la qualité visuelle. Un menu alléchant tant on sait que certains jeux peinent parfois à travailler sur PS5.
Performances | Équilibré | Qualité/fidélité | Pro | Pro Max | ||||
PS5 Pro | PS5 | PS5 Pro | PS5 | PS5 Pro | PS5 | PS5 Pro | PS5 Pro | |
Stellar Blade | 59 fps | 59 fps | 59 fps | 59 fps | 59 fps | 59 fps | 80 fps | 52-60 fps |
The Last of Us Part 2 Remastered | 105 fps | 77-90 fps | X | X | 119 fps | 119 fps | 87 fps | X |
Gran Turismo 7 | 59 fps | 59 fps | X | X | X | 59 fps | 59 fps | X |
Elden Ring | 55-59 fps | X | X | 48-59 fps | X | X | ||
Rise of the Ronin | 59 fps | 59 fps | X | X | 59 fps | 59 fps (48 fps RT) | X | X |
Until Dawn | 59 fps | 59 fps | X | X | 59 fps | 59 fps | X | X |
Horizon Zero Dawn Reamstered | 59 fps (pro) | 63 fps | 119 fps (pro) | 119 fps | 59 fps (pro) | 59 fps | X | X |
Nous avons installé une petite palanquée de jeux sur la PS5 Pro afin de prendre acte des bénéfices de la PS5 Pro. C’est vrai que l’on attend depuis quatre ans de pouvoir jouer enfin en 4K à 60 fps. Alors quand on nous parle de 120 fps, on rêve.
Rien de mieux donc que de comparer la PS5 et la PS5 Pro pour voir le chemin parcouru. Au terme de notre petite expérience, on retient deux conclusions.
La première est qu’il n’y a pas de différence de fluidité entre les modes classiques d’une console à l’autre. Sur Stellar Blade, par exemple, que l’on soit sur l’une ou l’autre PS5, le mode Priorité à la résolution présentera toujours des petites saccades malgré un framerate constant à 59 fps, d’après l’interface de notre TV de test, une LG Oled C1.
Compatible 120 Hz sur ses sorties HDMI, elle l’active sur les jeux compatibles. On l’a notamment sur Horizon Zero Down Remastered en mode équilibré Pro (PS5 Pro) et équilibré (PS5) et Last of Us Part 2 Remastered en mode fidélité.
Intéressant, le framerate ne fait pas tout ici puisqu’en mode performance, quel que soit le jeu, c’est là où la fluidité de l’environnement est la plus nette. Notons que sur Elden Ring, en mode qualité, on oscille entre 48 et 59 fps avec des chutes brutales sur les deux consoles. Le jeu de From Software souffre d’un manque d’optimisation sur les consoles de Sony. Un patch PS5 Pro pourrait améliorer les choses.
Et c’est notre seconde conclusion, lorsque l’on bascule en mode Pro sur un jeu compatible, alors là on prend une belle claque. La fluidité est au rendez-vous et le PSSR s’attelle à la tâche. On a ici tous les avantages des modes performance et qualité en un seul. Le meilleur des deux mondes, et ce avec le ray-tracing activé. Pour ce qui est de voir s’il y en a plus, c’est une autre paire de manches.
Oui et non, pour le gain de détails
Transition toute trouvée. On nous promet deux fois plus de ray-tracing dans les jeux compatibles. En vrai, nous n’avons pas réussi à faire la différence. Notre liste de jeux y est passée et nous avons effectué des captures de tous les modes sur les deux consoles, PS5 et PS5 Pro, afin de comparer en détail les rendus.
Ne tournons pas autour du pot, le gain visuel n’est clairement pas criant. On est loin d’une claque graphique. En là, on ressent bien que l’on est sur une console de demi-génération. Elle s’occupe bien de corriger le framerate, mais en ce qui concerne la qualité visuelle, ça ne saute pas aux yeux. Pire, par moment, on a l’impression que le rendu est meilleur sur PS5 classique. Le cas notamment s’est présenté à nous sur Horizon Zero Dawn Remastered en mode qualité.
Horizon Zero Dawn Remastered / PS5 Pro et PS5
Sur Stellar Blade, en comparant le mode qualité de la PS5 avec le mode Pro Max de la PS5 Pro, on voit qu’il y a une petite différence au niveau de la netteté, notamment pour les arrières-plans. Les détails sont plus incisifs, un poil moins flous.
Stellar Blade / PS5 Pro (Pro Max) et PS5 (résolution)
Même schéma sur The Last of Us Part 2 Remastered dans son mode performances et performances Pro sur la console éponyme. Ça se voit surtout sur le pommeau de selle du cheval. Oui, il faut se pencher pour voir la différence.
The Last of Us Part 2 Remastered / PS5 Pro (Performances Pro) et PS5 (Performances)
D’autres exemples moins convaincants sont Until Dawn et Rise of the Ronin.
Until Dawn / PS5 Pro (Fidélité) et PS5 (Fidélité)
Rise of the Ronin / PS5 Pro (Priorité graphismes) et PS5 (Priorité graphismes)
Elden Ring / PS5 Pro (qualité + RT) et PS5 (qualité + RT)
Après la PS5, on a tout de même tenu à lancer un jeu PS4. Sony indique que ceux-ci bénéficient aussi de la puissance de la PS5 Pro pour s’améliorer. Elle met à profit son PSSR sur les anciennes gloires de la marque. Sur Uncharted 3, on vous laisse juge. On cherche encore la différence.
Uncharted – The Nathan Drake Collection PS4 / PS5 Pro et PS5
Oui et non, à cause du recul imposé par votre téléviseur
50 pouces, 2 mètres, 65 pouces 2,6 mètres, 75 pouces, 3 mètres. Ces données absconces sont en fait les distances recommandées entre un téléviseur et le spectateur, en fonction de la diagonale utilisée.
Avec la PS5 Pro, c’est ça qui vient mettre à mal une partie de son intérêt. En effet, lors de nos tests, nous étions très proches de notre téléviseur de 48 pouces. De quoi mesurer visuellement les quelques ajouts de détails. Mais avec du recul, à distance “normale”, et bien tout s’est effondré. La différence n’est plus si palpable. Le gain de précision graphique s’évanouit et ne reste que la fluidité améliorée.
Mais ce rendu peu ou pas sacadé, on l’obtient tout aussi bien avec une PS5 en mode performance. C’est d’ailleurs amusant, mais c’est une réflexion que l’on retrouvait souvent au sujet du choix entre qualité et performances sur les jeux PS5 : à distance classique, la variation est peu ou pas visible, donc autant passer en mode performance pour ne pas fatiguer sa rétine.
Pour la PS5 Pro, c’est à peu près le même schéma sauf que l’on a ici un gain graphique dont on ne peut profiter qu’à courte distance. À moins de jouer sur un écran 4K et non une TV, l’intérêt de la PS5 Pro est donc limité par une bête histoire de recul.
Seule exception à ce jour, Final Fantasy VII Rebirth. Les avis sont unanimes à son sujet. Tellement mal exploité sur PS5 classique, il trouve une seconde jeunesse sur PS5 Pro et même à grande distance on apprécie le travail effectué.
C’est simple, en choisissant la fluidité sur PS5, on se retrouve avec une image d’un autre temps, une définition qui rappelle l’ère PS3 en exagérant à peine. Sur PS5 Pro, on accède au mode fluidité et résolution, un choix polyvalent inédit qui permet de profiter aussi bien d’un jeu sans sacade, mais aussi de graphismes enfin à la hauteur.
FF7 Rebirth / PS5 (Fluidité) et PS5 Pro (Résolution & Fluidité)
C’est un constat fait à date. Rappelons que les développeurs doivent adapter leurs productions à la PS5 Pro. Lorsque des jeux sortiront nativement pour elle, il sera toujours temps de réviser ce propos. On pense notamment à GTA 6. Attendu pour l’automne 2025, il devrait contribuer aux ventes de PS5 Pro.
Non, parce qu’elle est trop chère
En septembre 2024, dans une interview accordée au média japonais Nikkei, le PDG de Sony Interactive Entertainment, Hideaki Nishino, dévoilait que la PlayStation 4 Pro avait représenté 20 % du total des ventes de PlayStation 4.
Et cette version Pro de la PS4 n’était facturée « que » 399,99 euros à son lancement en 2016. Huit ans plus tard, Sony nous sort une machine affichée en magasin à 799,99 euros, sans socle vertical et sans lecteur de disque. De 33% d’augmentation entre les PS4, on passe à près de 60 % sur les PS5. La douloureuse est particulièrement vorace.
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