Le diable est dans les détails. Toujours. Ils sont d’ailleurs deux pour dessiner les forces et faiblesses de ce MacBook Pro 13 pouces cuvée 2018. Le premier est une… première. Apple introduit un processeur quatre coeurs de dernière génération dans son ultraportable. Le coup de fouet obtenu, associé aux patches dispensés depuis la commercialisation de la machine, le hisse haut. Notre modèle de test est en plus dopé, puisqu’il bénéficie du Core i7 à 2,7 GHz, présenté en option, et de 16 Go, là où on n’en trouve que 8 Go par défaut.
Le second détail est sa faiblesse. L’entêtement d’Apple à ne pas fournir une puce graphique digne de ce nom dans tous ses portables estampillés Pro. Le 13 pouces a donc les limites du chipset intégré au processeur principal. Jusqu’où nous mène-t-il ? Assez loin ? Et puis, l’eGPU introduit en sauveur des machines légères tient-il sa promesse ? Celle de faire oublier ses défauts ? Enfin, le modèle 13 pouces de 2018 échappe-t-il à la malédiction qui le place à la bordure extérieure du pro, entre machine grand public surdimensionnée et PC pro qui manque de souffle ? C’est toutes ces questions qui accompagnent le MacBook Pro 13 pouces de cette année. Essayons d’y répondre.
L’inchangé qui change un peu
Essayons de ne pas vous faire perdre de temps avec le design. Il est identique à celui des deux générations précédentes. Solide, parfaitement fini, durable et fin au point de n’embarquer que quatre prises Thunderbolt 3 au format USB-C. Abandonnez tout espoir de voir un lecteur de carte SD ou de l’USB-A réapparaître en ces contrées. La bonne nouvelle est toutefois que désormais les quatre ports sont capables d’assurer le meilleur débit. Plus besoin de choisir où on branche quoi.
Ensuite, le clavier reste identique en apparence mais utilisez-le quelques secondes et vous sentirez immédiatement ce qui a changé. La course des touches est toujours aussi ferme et courte, mais elle est également adoucie. C’est à la membrane de protection qui sous-tend le clavier qu’on doit ce changement agréable. Non seulement la frappe est plus douce mais elle est aussi plus silencieuse. Pas muette, plus discrète.
Ne parlons pas du trackpad qui reste la meilleure alternative à l’écran tactile, dans un monde où cette technologie est réservée aux périphériques iOS. La Touch Bar mérite en revanche qu’on s’y arrête quelques petites secondes. Ne serait-ce que pour dire qu’on ne sait toujours pas quoi en penser. Révolution ou tentative à la peine pour réinventer les touches de fonction classiques, c’est difficile à dire. La Touch Bar épate un instant, fait enrager le suivant. Le plus objectivement possible, elle manque d’un petit retour haptique, d’un rien de fluidité ou d’anticipation des usages et peut-être aussi d’habitude de notre part.
Le fait que cette barre interactive gagne la technologie True Tone est évidemment une bonne nouvelle, elle signifie un peu plus de confort mais voilà, c’est tout.
Cherche T2, dans un quartier sûr
La Touch Bar embarque également, et c’est l’une de ses forces, le bouton Touch ID, rapide et efficace pour vous identifier grâce à vos empreintes digitales plutôt qu’avec votre mot de passe. Pour que tout soit sécurisé, Apple glisse sa puce T2 sous le capot. Elle gère une multitude d’éléments. C’est elle qui s’assure que la phase de démarrage du MacBook Pro n’est pas altérée par une éventuelle attaque. Vous pourrez d’ailleurs modifier le degré de sécurité en pressant les touches CMD R au démarrage. On peut ainsi choisir d’activer le démarrage depuis des supports externes ou opter pour trois niveaux de sécurité au démarrage, maximal, normal ou aucun. Le premier ne permet de booter qu’un système signé par Apple et valide à l’instant T, le deuxième permet d’éventuellement s’essayer à des versions plus anciennes de macOS, le dernier, enfin, est l’équivalent d’un open bar, faites ce que vous voulez et tant pis pour la sécurité.
La puce T2 ouvre également la porte à la fonction Dis Siri. A vous l’invocation de l’assistant d’Apple grâce à ce sésame. Par expérience, cela nous est apparu comme une nouveauté à double tranchant. C’est à la fois une forme renforcée de commodité – plus besoin d’activer un raccourci, encore que ce n’était pas très contraignant -, et une source d’agacement supplémentaire. Chuchoter Dis Siri à son Mac peut également être l’occasion de réveiller son iPhone, son iPad ou sa Watch… A vous de décider en définitive si vous souhaitez que Siri vous aide sur Mac. On avoue s’en passer.
Un empilement de technologies rien que pour vos yeux
Depuis 2012 et l’introduction des premières dalles Retina sur Mac, Apple continue à creuser son sillon, loin des écrans OLED, que certains essaient ou ont essayé d’intégrer dans des portables. La société de Tim Cook parfait son art de proposer des dalles LCD lumineuses (495 cd/m2), assez pour travailler en plein jour à l’extérieur, et dotées d’un beau contraste (1398:1) et d’une plage de couleurs impressionnante. La technologie P3 assure un large gamut, c’est certain, et une grande fidélité colorimétrique. Cette année, Apple ajoute la technologie True Tone, déjà croisée dans les iPad Pro. Elle permet d’adapter la température des couleurs à l’écran en fonction de la lumière ambiante.
Le résultat se traduit essentiellement par un confort visuel accru, en réduisant notamment l’éblouissement. Il peut aussi s’avérer utile dans certains cas, notamment pour travailler l’ajustement colorimétrique de clichés en cours de développement, évidemment pas jusqu’aux épreuves de tirage. De quoi séduire les photographes professionnels, si on en croit Daniel Beltra que nous avons eu l’occasion de rencontrer en juillet dernier à New York.
Un stockage encore plus rapide
Mais l’écran n’est pas le seul aspect qu’Apple peaufine pour retenir l’attention des utilisateurs pro. Depuis l’introduction du design actuel, les MacBook Pro bénéficient d’un stockage flash rapide, très rapide. D’autant plus qu’il progresse d’itération en itération. Que ce soit en pic de débits maintenus ou avec des mesures en lecture séquentielle ou aléatoire, le stockage de l’édition 2018 fait mieux que son aînée. De beaucoup. La lecture du tableau ci-dessous devrait suffire à convaincre.
Les modules de ce MacBook Pro flirtent de près avec ceux du MacBook Pro 15 pouces 2018, ce qui n’est pas peu dire. Ils dépassent régulièrement les 3 Go/s en lecture et s’approchent très souvent des 2,8 Go/s en écriture. Si quelque chose doit vous ralentir avec cette machine, ce n’est assurément pas le stockage.
Quatre coeurs qui battent fort
Passons maintenant au plat de résistance. Pour la première fois, un processeur Intel quad-core s’ébat dans un MacBook Pro 13 pouces. Le gain en performance est indéniable – et il se manifeste aussi parfois par la tendance de la machine à ventiler plus rapidement.
Un outil de tests, comme Geekbench, qui évalue les performances générales, tout en mettant le processeur au coeur de l’attention, attribue un score impressionnant à ce MacBook Pro 13 pouces. Si on le compare à son équivalent, que nous avions testé en 2017, il affiche un score multi-core presque deux fois supérieur. Ce n’est plus un pas en avant, c’est un énorme bond.
Si on se tourne vers Cinebench pour évaluer ce que le Core i7 à quatre coeurs a dans le ventre, on retrouve cet impressionnante mesure multipliée par deux. Quand on passe à des tests plus proches d’usages réels, quotidiens, on note systématiquement une véritable progression des performances. Par petites touches parfois, on relève ainsi un peu plus de 15% d’amélioration dans notre routine Final Cut avec un lourd fichier 4K. On atteint un petit 20% de mieux avec Photoshop. Bref, ce MacBook a de quoi tenir la charge…
Une puce graphique malmenée
Sauf pour ce qui est de la partie graphique. Apple continue de réserver les puces graphiques dédiées aux MacBook Pro 15 pouces. Un choix qui peut se comprendre dans la constitution d’une gamme mais qui nuit à la polyvalence de cet ultraportable 13 pouces. Bien entendu, le chipset Intel fait la blague pour les usages non professionnels ou vidéoludiques du quotidien mais, passé ce cap, c’est la Bérézina.
Oui, le MacBook Pro 13 pouces 2018 est un peu plus puissant que son prédécesseur en ce domaine. Néanmoins, ses performances dans nos tests graphiques, le disqualifient pour bien des usages : gros rendus 3D, jeux vidéo un peu exigeants, etc. En 1440×900, sa définition par défaut, nous n’avons obtenu que 19 images par seconde en cherchant à avoir un rendu agréable à l’oeil dans Rise of the Tomb Raider, jeu qui commence à ne plus être tout jeune.
Avec l’outil de tests Unigine Heaven, le résultat n’est pas glorieux, et il faut aller chercher du côté du réglage le moins exigeant de cette procédure automatisée pour voir arriver un nombre d’images par seconde qui ne tienne pas du diaporama. C’est un peu court, jeune homme…
Une roue de secours…
C’est bien pour cela qu’Apple met d’ailleurs en avant sa solution miracle, l’eGPU. Un processeur graphique externe qui se connecte à l’ordinateur grâce à un des ports Thunderbolt 3. En théorie, cette approche vaut, à elle seule, le passage en force à ces nouveaux ports.
En pratique, nous avons eu l’occasion de tester le boîtier BlackMagic Design qui a été co-développé avec Apple. A l’intérieur, on trouve une carte graphique et une seule, et c’est une AMD Radeon Pro 580. Au temps pour ceux qui rêvaient de profiter de l’avantage qu’ont les puces Nvidia à l’heure actuelle. D’ailleurs, les cartes du concepteur de GPU de Santa Clara ne sont pas officiellement supportées par macOS et les eGPU…
Quoi qu’il en soit quand on branche le périphérique BlackMagic, on observe effectivement un vrai gain de performances. Pour tout dire, le MacBook Pro 13 pouces affiche alors une puissance supérieure à celle qu’offre le MacBook Pro 15 pouces. Un résultat somme toute logique puisqu’il n’est équipé, lui, que d’une Radeon Pro 560X.
La démonstration serait donc faite que l’eGPU est une bonne voie pour ceux qui requièrent la mobilité d’un modèle 13 pouces et ont besoin ponctuellement d’un peu de puissance graphique ?
La réponse est oui, mais à plusieurs conditions. D’une part, d’avoir les moyens de rajouter 700 euros sur la table… Au vu du prix d’un MacBook Pro 13 pouces (et surtout de celui que nous avons testé), cela semble un peu exagéré. D’autre part, il faut bien avouer que si la mise en route d’un boîtier eGPU est enfantine, le nombre d’applications à vraiment pouvoir en tirer parti pour l’instant est encore réduit.
Ainsi, dans After Effects, les réglages nous apprennent que le logiciel attend une puce CUDA (donc Nvidia) pour accélérer les rendus. Dans la plupart des cas, il faudra brancher un écran externe à son eGPU pour voir la magie opérer… Bref, tout n’est pas encore parfait. Avec macOS High Sierra tout au moins, car Mojave sera mieux préparé et permettra notamment de forcer une application à utiliser le processeur graphique externe. Attendons de voir si ce potentiel tient ses promesses.
Autonomie, la très bonne surprise
Enfin, intéressons-nous à l’autonomie de ce nouveau MacBook Pro. Alors qu’il arrive encore parfois d’avoir de mauvaises surprises ou de légères déconvenues, entendez par là une stagnation ou légère réduction de l’autonomie des Mac, cette édition est incroyablement endurante. Notre test en vidéo lui accorde ainsi 8h55 contre 6h55 pour la génération précédente. Un très beau progrès.
Mais ce n’est rien par rapport à l’autonomie polyvalente, qui reprend et simule de manière intensive de nombreux usages quotidiens. En l’occurrence, le Macbook Pro 2018 n’est pas loin de doubler son résultat. Avec 14h24, il prend d’ailleurs la tête de notre classement des autonomies pour des PC portables. C’est une très bonne surprise.
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