Apple est un coureur de fond. Sa première Watch a émergé d’un marché en friche plus qu’elle ne s’est imposée comme un référence. Porteuse de trop grandes attentes, elle a un peu raté le coche. Pas facile de définir un marché qui ne sait pas encore trop où il va et n’arrive pas à prouver son intérêt. Elle s’est un peu fourvoyée, entre grand luxe et sport. La Series 2 a dû trouver un second souffle et corriger le tir. Elle a ainsi abandonné le luxe – tout en gagnant un modèle Hermès – pour revenir à la réalité et assumer son rôle de montre connectée tournée vers ceux qui veulent faire du sport ou prendre soin de leur santé.
Avec la Series 3, Apple semble avoir trouvé sa voie et accéléré le rythme. Jusqu’à quel point ?
On ne change pas une équipe qui gagne, on la renforce
La première certitude, c’est qu’Apple maintient le cap du design parallélépipédique arrondie. Il est identique à ceux des deux générations précédentes (toujours disponible en aluminium, acier poli – celui testé ici, et céramique en 38 ou 42 mm). Pour être précis, le capteur dépasse très légèrement plus, l’équivalent de l’épaisseur de deux feuilles de papier.
Quoi qu’il en soit, ceux qui voulaient une Watch ronde en resteront sur leur faim. Mais les autres se réjouiront de savoir que la finition est toujours aussi impeccable et maintient l’étanchéité à 50m. Les piscines et les profondeurs continueront à s’offrir à vous, montre au poignet.
L’extérieur ne change pas, c’est entendu. L’écran OLED Retina (340×272 pixels, pour le petit modèle, et 390 x 312 pixels pour le modèle 42 mm, testé ici) de seconde génération continue à pulser ses 1000 nits à son maximum de luminosité et propose toujours une interface tactile réactive et enrichie de la technologie Force Touch. Il est ainsi possible d’accéder à des options contextuelles en « enfonçant » son doigt sur le verre, pour effacer une notification par exemple.
Au tactile s’ajoutent toujours la couronne numérique et le bouton latéral, qui peuvent être utilisés séparément ou de manière conjointe, en fonction de l’interface ou de l’application affichée. Presser les deux boutons simultanément mettra ainsi votre course en pause, dans l’application de sport de la Watch. Tandis qu’appuyer brièvement deux fois sur le bouton latéral activera Apple Pay, alors que presser longuement la couronne activera Siri.
D’ailleurs, l’assistant personnel d’Apple prend une toute nouvelle dimension avec la Watch Series 3. Pour tout dire, il devient beaucoup plus facile à utiliser et se rend rapidement indispensable. Pourquoi ? Parce que Siri parle désormais. Il n’est plus question de se contenter de quelques phrases ou mots affichés sur l’écran, qui font qu’on a l’impression de mener un dialogue de sourd avec un bot.
Une voix d’homme ou de femme réagit à vos demandes et fait en sorte que vous n’ayez pas à trop regarder ce petit écran. Parfois, la bonne intention s’essouffle, quand il faut, par exemple, regarder une liste de choix pour en valider un, mais il y a du mieux.
Du bien mieux, même. Siri peut aisément vous donner la météo de l’autre côté de la vitre ou du monde, lancer un exercice, un chronomètre, ouvrir les photos stockées sur la montre ou rechercher votre prochain rendez-vous. En cas de fringale nocturne, vous pourrez même lui demander de trouver un restaurant à proximité et il vous établira un itinéraire…
Attention toutefois, Siri n’est pas devenu omniscient et s’il reconnaît bien mieux vos demandes, il lui arrive encore de perdre les pédales ou de montrer ses limites sur quelques interrogations « précises ». A la question : « quel acteur joue dans le dernier James Bond ? », Siri demande « quel film ?» et liste quelques James Bond, y compris des documentaires sur le héros de Ian Flemming. Pas loin de faire mouche, mais pas tout à fait.
Enfin, évidemment, Siri est toujours capable de prendre sous la dictée vos messages, avec la ponctuation c’est mieux, pour les envoyer ensuite. Il peut également lancer un appel pour vous. Et avec la Watch Series 3, cela vous arrivera bien plus souvent.
Avec la 4G, la Watch coupe les amarres
Depuis watchOS 2, les ingénieurs d’Apple s’escriment à rendre leur montre plus indépendante de l’iPhone. Les applications natives ont été une étape. L’arrivée d’une puce plus puissante, la S2 dans la Series 2, en était une autre. La Series 3 sous ses airs de ne rien changer en grille plus d’une.
Il y a d’abord le module 4G, présent dans les modèles « GPS + Cellular », à partir de 449 euros. Il rend autonome la montre qui n’a plus besoin d’être à portée de l’iPhone avec lequel elle est synchronisée ou d’un réseau Wi-Fi pour passer/recevoir un appel, se connecter à Internet ou, bientôt, streamer vos morceaux favoris depuis Apple Music (quand le service sera disponible).
L’arrivée de la connexion 4G donne une nouvelle profondeur à la Watch. Il est possible de partir au cinéma ou faire quelques courses sans s’encombrer de son téléphone. Une manière de détox, sans se couper du monde.
Dans les faits, la configuration est plutôt simple et rapide. Comme pour tous les réglages d’importance, elle se fait depuis l’application Watch sur l’iPhone. Nous avons rencontré quelques bugs ou petits soucis parfois à l’usage qui sont sans doute liés au fait que le service n’était pas encore officiellement déployé.
En tout cas, nous nous sommes vus parfois dans l’impossibilité d’expédier un SMS lorsque le téléphone n’était pas à portée. De même nous avons constaté que notre Watch mettait jusqu’à 40 secondes pour initier sa connexion 4G lorsqu’elle se trouvait hors de portée de l’iPhone ou retrouvait l’air libre à la sortie du métro, par exemple. Mieux vaut ne pas recevoir d’appel pendant ce laps de temps… Toutefois, en règle générale, nous n’avons pas rencontré de problème de déconnexion, comme l’ont remarqué certains de nos confrères américains, et n’avons pas constaté de tentative inopinée de connexions à des réseaux Wi-Fi ouverts.
Quoi qu’il en soit, au regard de la souplesse et de la liberté qu’apporte cette option, difficile de faire la fine bouche face à ces défauts. On peut les espérer liés à son extrême jeunesse.
L’indépendance a un prix
On aurait pu espérer que les opérateurs encouragent les objets connectés en partageant le forfait sans surcoût. Ce ne sera pas le cas. Pour bénéficier de cette liberté, il faudra payer en souscrivant à une option qui s’ajoutera à votre forfait. Pour l’heure, seul Orange offre cette possibilité en France, car l’opérateur historique était le seul prêt techniquement. Ses concurrents devraient donc pouvoir se joindre à la ronde prochainement. Quoi qu’il en soit, l’offre d’Orange consiste en une période de six mois gratuits au bout de laquelle il faudra payer cinq euros par mois.
Bien que la SIM utilisée soit électronique, virtuelle, le principe tarifaire est identique à celui d’une SIM supplémentaire, la consommation de données est alors imputée à votre forfait. Attention toutefois la Watch ne supporte pas le roaming. Deux raisons nous ont été données pour cela. D’une part, tant que les frais d’itinérance à l’étranger sont élevés mieux vaut éviter les mauvaises surprises dues à une consommation insoupçonnée de data par la Watch. D’autre part, la montre d’Apple est en quelque sorte zonée. Elle existe en trois variantes, compatibles avec des fréquences différentes, qui correspondent dans les grandes lignes aux marchés nord-américains, européens, australiens et japonais, et chinois.
S3, W2, touché coulé…
La Watch Series 3 vous fait également gagner en liberté par rapport à l’iPhone, car elle est plus agréable à utiliser. Pas de miracle ici, c’est la nouvelle puce double cœur S3 qu’il faut saluer. S’il n’existe pas d’outil de bench pour mesurer les performances d’une montre connectée, il est en revanche évident que tout est plus fluide et rapide avec ce nouveau moteur. Toutes les requêtes soumises à Siri sont traitées bien plus rapidement. Les applications, même celles ne figurant pas dans le dock, se lancent et chargent les données affichées en un rien de temps. L’indépendance sans vitesse d’exécution n’était pas possible. Sans vitesse de connexion non plus d’ailleurs. C’est là qu’intervient la W2, petite puce chargée de connecter la Watch au monde. Les débits en Wi-Fi, non mesurables, sont bien meilleurs en tout cas, à voir avec quelle vitesse se chargent des images ou même les plans d’un itinéraire.
Une dernière limite…
Entre la 4G, les puces S3 et W2, la Watch Series 3 vise juste et supprime quelques-unes des entraves qui la retenaient. En demeure toutefois, celle de l’autonomie.
Il y a deux écoles en l’occurrence. Celle qui ne tolère pas de devoir recharger sa montre connectée tous les soirs et celle qui a ajouté ce geste à sa routine du coucher. Les représentants de la première grinceront des dents, car la Watch ne vous permettra pas de dépasser une petite trentaine d’heures d’autonomie. Evidemment, tout dépend de l’utilisation faite. Apple annonce 18h, mais un usage modéré vous permettra de tenir une trentaine d’heures. En revanche, si vous courez une heure le matin, avant d’aller au travail en utilisant le GPS à vélo, passez quelques appels en 4G et recevez de nombreuses notifications, il est clair que la barre des 18h sera votre horizon.
Enfin, il faut préciser que si les nouveaux iPhone sont compatibles avec le standard de rechargement par induction Qi, la Watch demeure cantonnée à sa propre technologie. Elle sera toutefois capable de se recharger grâce à l’AirPower, d’Apple, lorsqu’il sera disponible l’année prochaine. Ne perdez donc pas son chargeur magnétique d’ici là.
« C’est un miracle d’avoir réussi à faire tenir tout ça dans le même boîtier », nous lâchait un représentant d’Apple à Cupertino pas peu fier de son produit. On comprend bien que tout est bien serré dans ce petit boîtier et qu’il ne faut pas espérer glisser à son poignet une Watch aussi endurante que la concurrence d’ici longtemps. Néanmoins, la montre d’Apple gagne en pouvoir séduction, au quotidien.
La Watch Series 3, de plus en plus sportive
Portée par watchOS 4, qui introduit entre autres de nouveaux cadrans et un nouveau Dock plus pratique, la dernière-née des montres d’Apple renforce également ses atouts dans les domaines du sport et de la santé. Les notifications vous invitant à vous lever toutes les heures ne sont plus qu’une infime partie de l’iceberg.
Le capteur cardiaque participe évidemment à cette montée en puissance. Plus rapides à s’afficher et toujours aussi précises, ses mesures sont désormais mieux mises en valeur. Accessibles via une complication, vous pouvez voir d’un coup d’œil la vitesse des battements de votre cœur à l’instant, mais également savoir à quel plus bas niveau il battait au repos dans la journée et son plus haut niveau quand vous marchiez. Il est même possible de voir sa vitesse de récupération cardiaque après une effort. Un bon indicateur de votre santé et endurance.
Par ailleurs, pratique pour les personnes souffrant de fort stress, il est possible de demander à la Watch de vous alerter lorsque votre pouls dépasse un certain seuil, alors que vous ne pratiquez pas d’activité physique.
De même, le système d’anneaux, qui vous encourage à atteindre des objectifs de calories brûlées, d’activités et de lever chaque jour, est désormais conçu de telle sorte à vous inciter à faire le petit supplément d’efforts nécessaires. Au fil de la journée, des petits messages, désactivables, vous encouragent et vous informent de votre progression.
Mais évidemment, inciter à une vie active au quotidien n’est pas le seul but de la Watch Series 3. Cette montre est également davantage taillée pour accompagner et mesurer vos activités sportives. watchOS 3 avait ouvert les portes de la piscine. Watch OS 4 et la Series 3 affine les choses. Ainsi, l’apparition d’un altimètre barométrique permet lors de vos courses à pied ou à vélo de mesurer les dénivelés franchis et de mieux mettre en perspective les données cardiaques recueillies.
Pour ceux qui courent en salle, Apple a annoncé des partenariats avec les principaux équipementiers du secteur, afin que votre Watch puisse communiquer avec leur tapis de course, leur vélo elliptique, etc.
Par ailleurs, sans être aussi pratique que des montres dédiées, comme les Garmin Forerunner, la Watch Series 3 permet désormais de mieux mesurer les exercices fractionnés et même d’enchaîner facilement les différents types d’activités au sein d’une même série. On peut ainsi passer de la course au vélo ou à la natation et cumuler l’ensemble des données pour suivre ses progrès.
Bonne nouvelle en passant pour ceux qui font du sport en musique, la nouvelle Watch embarque désormais 16 Go de stockage, contre 8 précédemment. Il sera donc possible d’emporter plus de musique avec soi.
Enfin, on signalera la nouvelle Boucle Sport, qui reprend le principe du bracelet milanais, en formant une boucle facilement ajustable au poignet. Elle s’avère très confortable quand on court ou fait du sport avec la Watch. Constituée d’une sorte de tissu maillé résistant et un peu extensible, elle est maintenue fermée par cinq petites bandes de velcro. Pour tout dire, on la préfère de très loin au bracelet sport classique. Elle laisse davantage respirer la peau, supporte parfaitement l’eau et tient bien mieux en place, ce qui facilite les mesures précises du capteur cardiaque.
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