En mai dernier, Microsoft lançait Windows 10 S et son premier PC ultraportable. C’est d’ailleurs à l’occasion du test de ce Surface Laptop que nous avons pu nous frotter à ce nouveau Windows. Un OS qui vient s’ajouter aux versions Familiale et Professionnelle.
Pourquoi Windows 10 S ? Un « S » pour « simple » ? Non, Windows 10 S est en tout point identique à Windows 10, sur le plan de l’interface, des menus, etc. Pas question de version allégée ici.
Un S pour « School » ou « Student » ? Oui, c’est déjà plus probable puisque l’événement au cours duquel il a été présenté était placé sous le signe de l’éducation. C’est pour répondre aux besoins des étudiants et des enseignants que Microsoft affirme avoir créé cette mouture de son système d’exploitation.
Et, peut-être aussi, pour faire de l’ombre à Chrome OS et aux Chromebooks, plébiscités par beaucoup d’écoles et lycées à travers le monde, à en croire les constructeurs comme Acer, HP ou encore Dell. Des constructeurs qui ne devraient pas tarder d’ailleurs à proposer leurs solutions très abordables sous W10S en France, si l’on en croit Jean-Christophe Dupuy (Directeur de la division Windows et devices chez MS France), interviewé avant l’été par 01netTV.
Bien que nous ne soyons plus sur les bancs de la fac depuis un moment, nous nous sommes frottés à Windows 10 S. Et après de longues heures passées en sa compagnie, nous avons trouvé une toute autre signification au « S » : « sealed » (scellé).
Windows 10 S sur les bancs de l’école
Car la grande force de Windows 10 S, c’est la clôture géante qui délimite le champ d’action de l’utilisateur. C’est simple, ce dernier est libre d’utiliser la machine et l’OS comme il l’entend… tant qu’il ne cherche pas à installer des applications en provenance de sites Internet. Car W10S a le kernel délicat : il ne tolère que les programmes en provenance du Windows Store.
Selon Microsoft, il s’agit avant tout d’une mesure (drastique) de sécurité : les programmes du Windows Store sont passés au crible par la firme pour s’assurer qu’ils ne contiennent aucun malware.
Une aubaine pour tous les lieux d’enseignements ou les bibliothèques : fini les heures passées à nettoyer les machines infectées par des virus propagés par une clé USB insérée dans une machine de l’école. Et en cas de gros problème, Windows 10 S se réinstalle vite et bien, en moins d’une heure. Une machine plantée ne le reste donc pas bien longtemps et peut rapidement reprendre du service.
Reste qu’en proposant Windows 10S sur un puissant laptop à plus de 1100 euros , Microsoft semble vouloir nous faire passer un message : non, cet OS n’est pas réservé au marché de l’éducation. Il peut également séduire pros et power users à la recherche d’une belle machine. Même pas peur : on a du coup osé essayer de l’utiliser au quotidien, comme un Windows traditionnel. Et cela n’a pas été sans mal.
Un seul navigateur : Edge
Au premier abord, rien ne distingue pourtant 10 S d’un Windows traditionnel. L’interface, les menus, les programmes préinstallés… Tout est strictement identique. Mais les problèmes commencent dès que l’on souhaite surfer avec un autre navigateur qu’Edge, celui de Microsoft. Vous avez besoin (ou préférez) Firefox ou Chrome ? Impossible.
Sur Windows 10 S, il faudra obligatoirement faire avec Edge et ses 64 (maigres) extensions, puisqu’il n’existe aucun autre navigateur digne de ce nom sur le Windows Store.
Et même si Mozilla ou Google daignaient publier leurs butineurs respectifs sur le Store, ils seraient obligés -comme sur iOS d’Apple- d’utiliser de toute façon le moteur de rendu HTML d’Edge.
Et pour cause : Edge est, selon MS, “le moteur le plus sûr qui soit pour Windows 10 S” et offre “une protection maximale aux utilisateurs”. Certes. Mais la “protection” offerte par Microsoft va quand même très loin : il est impossible de changer le moteur de recherche par défaut dans le navigateur. C’est Bing… ou Bing. Google ? Jamais entendu parler. Et si par miracle un nouveau navigateur débarquait, 10 S interdit de toute façon de changer le navigateur par défaut.
Edge n’en reste pas moins un bon navigateur, moderne et rapide. Mais il est toujours difficile de changer de crémerie, surtout quand on a une tonne de favoris et que l’on utilise des services de synchronisation de Firefox ou de Chrome.
L’incroyable faiblesse du Windows Store
Après avoir vainement tenté d’aller récupérer vos applications sur le Web, vous serez bien obligés de vous rendre dans le Windows Store pour tenter de trouver les logiciels dont vous avez besoin. Mais gare aux déconvenues. Parce que ce kiosque est non seulement mal fichu… Il est également extrêmement pauvre en contenu.
Mal fichu d’abord parce que le Windows Store mélange à peu près tout ! Faites le test sur votre PC à la maison. Saisissez le nom d’une appli dans le champ de recherche. Vous verrez apparaître une liste interminable de morceaux de musique, films et autres contenus portant le même nom -ou des lettres communes avec votre recherche. Avec un peu de chance, votre appli s’y trouvera.
Si toutefois, elle existe ! Car ergonomie déplorable mise à part, le Windows Store est d’une pauvreté affligeante. Nous y avons bien trouvé quelques applications indispensables. Facebook, Twitter, Instagram, VLC, Deezer ou encore Spotify ainsi qu’Office 365 (d’ailleurs offert pendant un an à l’achat du Laptop) sont bel et bien de la partie. Tout comme Netflix ou MyCanal.
Mais le minimum vital pour utiliser correctement Windows n’y est pas encore. Quelques exemples ?
Nous avons eu besoin de décompresser un fichier RAR. Las ! Pas de Winrar à l’horizon. Nous avons bien débusqué des logiciels pour décompresser notre archive… Mais l’un n’avait pas bougé depuis l’époque maudite de Windows 8 et l’autre était truffé de publicités.
Vous cherchez un antivirus plus pointu que Windows Defender ? Bonne chance, mis à part Avast, il n’y a rien à se mettre sous la dent.
Vous avez besoin d’iTunes pour synchroniser votre iPhone avec le calendrier ou les contacts ? Le célèbre logiciel d’Apple n’est toujours pas là… malgré les promesses de Microsoft.
Envie de retoucher une photo avec des outils un peu pointus ? Il faudra vous contenter du minimaliste Photoshop Express, seul logiciel gratuit à peu près potable de la plate-forme.
Vous ne trouverez pas non plus d’application Google dans le Store : oubliez Google Earth par exemple. Il y a quelques imitations payantes mais pas aussi bonnes que l’originale.
Un logiciel à oublier pour les utilisateurs avancés
Soyons francs, pour les utilisateurs avancés, W10S est une hérésie. C’est presque un crime d’avoir un onéreux et puissant Surface Laptop -la seule machine W10S en vente en France pour l’heure- et de ne pas pouvoir l’exploiter pleinement. Et tout cela à cause du boulet qu’il se traîne au pied, à savoir le Windows Store de Microsoft.
Après tant de déboires, pour nous remonter le moral, nous avons tenté de trouver l’appli HearthStone de Blizzard… Ce fut le coup de grâce. Dépités, nous avons donc décidé de passer le Surface Laptop sous Windows 10 Pro. L’opération se fait rapidement et gratuitement jusqu’au 31 mars prochain pour tous les possesseurs du premier PC ultraportable de Microsoft (50 euros environ pour les autres futurs appareils). Et là, on a enfin de quoi profiter pleinement du Laptop. Ouf !
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