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Test : Retron 5, la console magique compatible Master System, Mega Drive, (S)NES et GBA

La Retron 5 est une étonnante console de salon qui permet de rejouer à ses anciens jeux à partir des vraies cartouches d’époque. Une solution efficace, mais à l’ergonomie perfectible.

Si les mots “péritel”, “analogique”, “Sonic” ou “Mario” chantent à vos oreilles comme les madeleines faisaient frémir les méninges de Proust, la Retron5 peut vous intéresser. Dans la veine (légale) du rétro-gaming, cette nouvelle console “vieille génération” émule cinq stars du passé : la NES (1983), la Master System (MS, 1985), la Megadrive (MD, 1988), la Super NES (Snes, 1990) et la Game Boy Advance (GBA, 2001). Une console 5 en 1 pour profiter de vos anciennes cartouches et retrouver le goût du jeu d’antan dans un package un peu plus moderne.

Nous avons testé une version finale et européenne de la Retron 5. Cette précision est importante car il existe sur le net des tests de préversions US de la Retron 5, avec des finitions plus ou moins abouties et un système pas tout à fait finalisé. Ajoutons à cela que nous n’avions aucun jeu Master System sous la main et que si cette plateforme est bien prise en charge, elle nécessite un adaptateur baptisé Master System Converter II, un module qui permettait déjà à la Megadrive de faire tourner les jeux Master System (le Master System Converter I est trop gros pour la Retron 5). Le fabricant de la Retron 5, Hyperkin, n’avait semble-t-il plus de place pour ajouter un emplacement de cartouche dédié, ce qui peut se comprendre.

Les jeux testés

Voici la liste des jeux testés, pour la plupart des perles issues de différents systèmes et de différentes régions du monde : Chrono Trigger (US), Final Fantasy III/VI (US), Illusion of Time (EU), Front Mission (Jap) et Super Street Fighter 2 (EU) sur Super Nintendo. Issus de la Megadrive sont passés Shining Force II, Fantasy Star IV et Wonder Boy V In Monster World. Sur NES, nous avons joué à Bubble Bobble, Tetris, Yoshi’s Cookie, Double Dragon II et Ikari Warriors. Quant à la Game Boy Advance, c’est Final Fantasy III/VI qui est passé à la casserole. Quatorze jeux au total, ce qui représente un bon échantillon.

Compatibilité : tout bon, sauf la GBA

Testée en ce début du mois de février 2015, la console a été mise à jour avant usage – lire plus loin – et c’est donc dans sa version 2.2 que nous l’avons testée (Retron 5 app v2.2 build 1789, System soft v0.2.2 et Hardware revision 1.0). Aucun plantage ou comportement bizarre n’est à signaler sur les plateformes Nes, Snes et Megadrive, les jeux ont parfaitement fonctionné : lancement, jeu, sauvegarde, etc… du tout bon. Seule l’émulation audio GBA a posé problème, l’arrivée de certains sons coupant la lecture d’autres. Un bug sans doute facile à corriger de manière logicielle mais pas si grave que cela, les sons et musiques sur GBA étant tout simplement atroces (comparez les musiques de Final Fantasy III/VI en version Snes et GBA pour voir).

Logiciel efficace, une seul cartouche à la fois

Le logiciel interne n’accepte qu’une cartouche insérée à la fois, il faut donc retirer les jeux à chaque changement. À cette limite s’ajoute l’impossibilité d’enregistrer le flux vidéo sur la carte SD, ce qui est dommage, mais pas bien grave. Pour le reste, le système est très complet et efficace. La console lit d’abord la ROM du jeu qu’elle charge en mémoire et offre tous le confort des émulateurs modernes : sauvegarde instantanée dans 10 emplacements mémoire en plus des systèmes de sauvegarde propres à chacun des jeux, accélération du jeu (pratique pour les looooongues phases d’intro de certains jeux), capture d’écran, envoi de sauvegarde vers et à partir de la cartouche, etc. L’interface est assez jolie et facilement compréhensible. Et les émulateurs profitent de différents filtres, qui améliorent grandement la qualité visuelle (lire plus loin).

Cœur de smartphone, Linux Inside

La Retron 5 est propulsée par la puce chinoise RockChip RK3066, laquelle équipe quelques smartphones et autres tablettes vendues en territoires asiatiques. Ce processeur double coeur conçu autour d’une base ARM Cortex A9 est gravé en 40 nm et cadencé à 1,5 GHz. Une puce qui gère le système Linux maison qui fait fonctionner les différents émulateurs, la vidéo 1080p en h.264, la 3D, etc. Un monstre de puissance à côté de ceux des consoles émulées : celui de la Super Nintendo poussait jusqu’à 3,58 MHz quand la puce principale de la Megadrive frisait les 7,61 MHz. Un autre monde, une autre époque.

Console : construction et finitions à revoir

Outre le plastique assez cheap d’apparence et la manette qui grince (on y reviendra), il faut noter la qualité de finition plutôt médiocre. Si les jeux Snes s’insèrent et se retirent sans soucis, il nous a fallu sacrément forcer pour retirer les jeux MegaDrive. Astuce : posez doucement le pied sans appuyer sur la console et forcez… doucement. De plus, la conception des ouvertures de la carlingue plastique est loin de la précision des consoles d’antan, et il n’est pas rare de mal insérer une cartouche, surtout celles de Snes. La raison est que l’emplacement pour les jeux Snes est conçu pour recevoir les cartouches américaines, plus larges que leurs consœurs japonaises et européennes. On aurait apprécié qu’à l’instar de la Snes, Hyperkin se fende d’un système d’éjection des cartouches.
Petite mise en garde aux bourrins : il faut faire attention lors de l’insertion/extraction des jeux non seulement pour préserver la console, mais aussi vos jeux. Un “simple” Chrono Trigger se négocie entre 150 € et 200 € d’occasion, ça serait dommage d’arracher les circuits d’une cartouche qui coûte le prix de la console!

Des jeux presque beaux (on a dit presque)

La Megadrive proposait deux définitions 320 × 224 points et 320 × 448 points, quand la Super Nintendo alternait entre le 256 × 224 et le 512 × 448 pixels selon les modes graphiques des jeux. A titre de comparaison, le plus médiocre des smartphones affiche déjà du 854 x 480 points quand le milieu et le haut de gamme égalent voire dépassent les téléviseurs Full HD (1920 x 1080 points). Le principal travail de la Retron 5 est donc moins de faire tourner les jeux des années 90 que de les afficher de manière propre sur un téléviseur Full HD en 2015. Heureusement, de nombreux filtres graphiques issus là encore des émulateurs PC sont disponibles (Super Eagle, etc.) et améliorent grandement le confort de jeu en augmentant la définition via la création de pixels supplémentaires et en lissant le tout – on parle d’anti-crénelage ou anti-aliasing. La Retron 5 permet donc de se replonger dans ses jeux préférés mais avec des graphismes quelque peu remis au goût du jour. Et ça c’est vraiment chouette.

Les ROMS : oui, mais…

Les jeux des vieilles consoles à cartouche ont connu une seconde vie à partir des années 2000 avec l’arrivée des premiers émulateurs logiciels sous Windows et de la circulation, illégale mais à l’époque tolérée, des ROMs. Ces ROMs sont en fait le contenu des cartouches, les jeux encapsulés dans un format lisible par les ordinateurs. De nombreux joueurs – dont votre serviteur – ont ainsi rejoué à leur ludothèque mais sur leur PC.
Avec l’arrivée des smartphones et tablettes, les éditeurs de jeux vidéo ont commencé à serrer la vis sur la circulation de ces ROMs car ils profitent de ces nouvelles plateformes pour vendre à nouveau sur les iTunes Store et autre Google Play. Connu du grand public, ces jeux représentent de l’argent facile puisqu’ils ont déjà été développés, ne demandent bien souvent qu’un investissement minimal pour être portés sur nos terminaux mobiles et sont vendus très cher : Chrono Trigger pourtant sorti en 1995 coûte la bagatelle de 8,99 € !
La Retron 5peut lire les ROMS, comme en attestent ces vidéos YouTube. Mais Hyperkin tente de ménager la chèvre et le chou : si c’est possible pour les joueurs passionnés et curieux, les fonctions sont suffisamment enfouies et peu pratiques à exécuter pour ne pas énerver Messieurs Sega et Nintendo, ce dernier étant à peu près aussi disposés envers les émulateurs que la Corée du Nord envers la liberté d’expression.

Manette : du bon et du moins bon

La Retron 5 dispose d’emplacements pour brancher les manettes NES, Snes et MD sur ses flans, ce qui permet de retrouver les vraies sensations de l’époque – oui, le pad MD était une vraie truelle. Heureusement pour ceux qui ont perdu leur matériel, la console est livrée avec une manette. Une manette aussi bien pensée que mal fichue – oui, c’est possible. Dans les griefs on cite en vrac une construction digne des plus mauvaises copies chinoises, une prise de recharge au format Micro USB cachée dans un plastique mal moulé (mais ça passe quand même), un toucher « plastique à deux balles » et un manque de précision du stick. A côté de cela, il faut reconnaître que le positionnement des touches est pratique car il combine les agencements Snes et Megadrive – on n’est jamais perdu –, un système sans fil Bluetooth qui fonctionne impeccablement bien et l’ajout de deux touches programmées par défaut pour faire des captures d’écran et accélérer le jeu.

La manette de la Retron 5 s’avère moche et médiocrement construite, mais pratique et fonctionnelle – de quoi perdre son latin. On peut sans problème jouer aux jeux d’aventure, mais les jeux d’adresse et jeux de combats sont à éviter. La seule vieille manette testée est celle de la NES et elle a fonctionné parfaitement.

L’USB, ce grand absent

Où sont passés les prises USB ? Vu la souplesse du système Linux qui turbine en-dessous, vu la puissant du processeur, pourquoi diable ne pas avoir proposé deux ou quatre prises USB ? On aurait pu y brancher celles des Xbox 360/Xbox One, voire ces petites manettes rétro à 10€ en forme de manette Snes modernisée en version USB ? Cet oubli est pour nous une vraie déception, qui coûte cher dans la note finale : nous ne sommes plus en 1990 et puisque la technique le permet, il n’y a aucune raison d’empêcher la connexion de manettes USB. Ou alors elle est mercantile : Hyperkin vend des manettes pour sa Retron 5. Tiens, tiens…

Mise à jour du firmware : Snowden est passé par là ?

Rarement procédure de mise à jour nous a paru si étrange : le programme de mise à jour n’est pas en téléchargement libre. Tel un trésor réservé aux initiés, il ne se dévoile qu’à celui qui montre patte blanche. Pour commencer il faut glisser une carte SD dans la console, aller chercher la commande de « Write firmware update request on SD » qui va créer un petit fichier de “demande” de mise à jour sur la carte mémoire. Une fois ce fichier créé, il faut retirer la carte, l’insérer dans son ordinateur, se rendre sur le site http://retron5.in/node/6 et y envoyer ce tout petit fichier de demande comme on le ferait pour une pièce jointe de mail. C’est seulement à cet instant qu’on a le droit, Ô miracle, de télécharger la précieuse mise à jour. Bilan : si les pirates veulent récupérer le fichier ils n’ont qu’à acheter une console et récupérer une seule fois le programme avant de le partager à l’infini sur le réseau tandis que de son côté, l’utilisateur normal se farcit une procédure fastidieuse. On chercher encore la logique.

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Adrian Branco