Accusé à de nombreuses reprises de manque de communication sur l’affaire Cambridge Analytica, Facebook s’est montré très bavard mercredi 4 avril. Après avoir révélé que les données de 87 millions d’utilisateurs avaient été siphonées par Cambridge Analytica et annoncé de nouvelles mesures, Mark Zuckerberg s’est prêté à un rare exercice de questions/réponses. Pendant une heure avec des journalistes du monde entier, dont 01net.com, le PDG de Facebook est revenu sur les récentes affaires de Facebook et les responsabilités de sa plateforme.
« Je trouve que le RGPD est très positif »
Contrairement à ce qu’affirmait Reuters la veille, les nouveaux réglages de protection des données ne seront pas exclusifs à l’Europe. Mark Zuckerberg qualifie le règlement général pour la protection des données européen de règlementation « très positive ». « Nous avons l’intention de rendre disponibles les mêmes contrôles et réglages partout, et pas seulement en Europe. » Le patron du réseau social a néanmoins indiqué que ces règles pourraient différer d’un pays à l’autre, en fonction des lois locales. Facebook devrait donc s’inspirer des propositions de l’Union Européenne en matière de protection des données, et offrir la possibilité de les supprimer plus facilement à tous ses utilisateurs.
« Nous devons prendre plus de responsabilités ». Tout au long de la discussion, Mark Zuckerberg n’a pas cessé de répéter cette phrase. Son entreprise aurait pu faire un « meilleur travail », notamment en matière de communication. Le PDG a néanmoins fait remarquer que des protections et réglages existaient déjà depuis plusieurs années, et que l’utilisateur aurait pu anticiper ce genre de problème en désactivant des accès. « J’aimerais pouvoir claquer des doigts et, dans trois ou six mois, vous dire que j’ai résolu tous ces problèmes. » Zuckerberg a ensuite admis ensuite que la réalité se montrera bien plus complexe.
Enfin, Mark Zuckerberg a fait savoir que Facebook ne comptait pas attaquer en justice Cambridge Analytica pour l’instant. « Nous ne savons pas vraiment combien d’informations sur les gens ont été obtenues. Nous ne savons pas ce qui a été vendu à Cambridge Analytica, et nous ne savons pas aujourd’hui ce qu’ils ont dans leur système. » Si un procès est le seul moyen de protéger les données d’utilisateurs, Zuckerberg se dit en revanche prêt à s’en prendre à l’entreprise dans le futur.
Lutter contre les Fake News
Dans une allocution de 5 minutes avant le début des questions/réponses, Mark Zuckerberg a tenu à revenir sur la vague de fausses informations subie par Facebook. « J’ai fait une erreur en refusant de reconnaître que les Fake News avaient un impact », assurant vouloir promouvoir du « journalisme de confiance » sur la plateforme.
Pour Mark Zuckerberg, Facebook a une responsabilité politique « Nous devons protéger l’intégrité des élections ». Le PDG a notamment pris l’exemple des élections françaises de 2017, rappelant avoir supprimé 30.000 faux comptes et avoir déployé de nouveaux outils pour lutter contre la manipulation des informations. Zuckerberg se dit prêt à prendre toutes les sanctions nécessaires pour éviter que le phénomène se reproduise ailleurs qu’aux États-Unis, où les faiblesses de Facebook ont profité à Donald Trump.
Des mesures concrètes
En marge de la conférence téléphonique de son patron, Facebook a publié dans un communiqué de nouvelles mesures avec pour but de rassurer ses utilisateurs. Parmi-elles : Facebook supprimera les données sur les appels et SMS de ses utilisateurs datant d’il y a plus d’un an. Pour rappel, le site avait été accusé d’avoir collecté le journal d’appels des propriétaires de smartphones d’Android dans Messenger. Facebook précise également que certaines données inutiles, comme la durée des appels, ne seront désormais plus enregistrées. Le système d’annuaire inversé, qui permettait de trouver le nom/compte d’une personne en rentrant son numéro, va être lui désactivé. Facebook va aussi restreindre les API des développeurs, diminuant leurs accès aux comptes des utilisateurs.
À partir de la semaine prochaine, tous les utilisateurs de Facebook verront en page d’accueil un lien les incitant à découvrir les applications qui ont accès à leurs données. Le but : lancer une grande opération de nettoyage et inciter les utilisateurs à se débarrasser de contenus inutiles, avant tout dérapage et une nouvelle affaire Cambridge Analytica. Le début d’une refondation qui prendra du temps, et qui sera menée par Mark Zuckerberg lui-même : « Je dirige cet endroit. Je suis responsable de ce qui se passe ici. »
Lien :
Retranscription écrite de la séance Q&A de Mark Zuckerberg
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