Jusqu’à maintenant la 5G, tout en le monde en parlait sans savoir ce que c’était. Car le processus de standardisation, piloté par l’ITU, une institution des Nations Unies, ne sera totalement achevé qu’en 2020. Un coin du voile vient cependant d’être levé et pas des moindres. Celui des spécifications techniques de l’IMT-2020, le nom officiel de la 5G. Correspondent-elles aux promesses que nous faisaient jusqu’à maintenant les opérateurs, à savoir des connexions 10 fois plus rapides qu’avec la 4G et avec un temps de latence inférieur à 1ms ? Pas sûr !
https://twitter.com/ITU/status/834752721731325952
L’ITU vient de mettre en ligne sur son site un simple document Word qui vaut de l’or. On y apprend que la 5G devra atteindre au minimum les 20 Gbit/s en download et 10 Gbit/s en upload par station de base. Jusqu’à maintenant, les opérateurs qui ont procédé à des tests dans leur laboratoire n’ont pas atteint de tels sommets en débit descendant.
C’est le cas d’Orange, par exemple, qui s’est livré à une expérimentation avec Ericsson le 26 janvier dernier au cours de laquelle il a dépassé les 15 Gbit/s en descente. Or, ces performances ont été réalisées dans des conditions optimales de réseau avec seulement 4 à 5 mètres de distance entre l’émetteur et le récepteur. Mais les opérateurs ont le temps de peaufiner leurs performances avant le début de la commercialisation de la 5G à partir de 2020.
L’utilisateur n’atteindrait “que” 100 Mbit/s en download
Le problème, c’est que l’ITU se montre beaucoup plus modeste concernant les débits que pourraient atteindre les utilisateurs finaux dans les cas de figure où plusieurs bandes de fréquence seraient agrégées. En environnement dense et urbain, ils n’accéderaient au minimum « qu’à » 100 Mbit/s en débit descendant et 50 Mbit/s en débit montant. Plutôt décevant, car ce sont des performances déjà atteignables en 4G aujourd’hui, même si elles ne concernent qu’une poignée de villes actuellement en France et sur quelques terminaux seulement. Ce serait tout de même un énorme progrès par rapport à aujourd’hui. Rappelons en effet que le débit moyen dans notre pays en 4G n’atteignait au mois de juillet 2016 que les 6 Mbit/s dans les zones rurales et 30 Mbit/s dans les zones denses, selon l’Arcep.
Toutefois, les équipementiers espèrent à l’avenir booster la 5G grâce à une nouvelle technologie de multiplexage : le Multi User Mimo (Mu-MIMO). « Nous allons enfin pouvoir utiliser les mêmes ressources temps et fréquence pour deux, voire plusieurs utilisateurs en même temps, alors qu’ils sont dans des positions différentes. Ce que nous ne pouvons pas faire actuellement avec la 4G », nous avait déclaré Hassan El Nahas Homsi, en charge des solutions radio chez Ericsson lors du test 5G d’Orange. Une promesse qui reste à confirmer.
Autre éclaircissement apporté par l’ITU, le temps de latence. Seules les technologies critiques comme la voiture connectée devront bénéficier d’un temps de latence de 1 ms. Les autres services devront se satisfaire de 4 ms, contre 20 ms actuellement avec la 4G.
1 million de connexions par km²
La bande passante des opérateurs devra s’élever à au moins 100 MHz et jusqu’à 1Ghz pour les fréquences millimétriques. La 5G devra aussi pouvoir absorber jusqu’à 1 million de connexions par kilomètre carré. Il s’agit là, bien sûr, d’absorber la montée en puissance gigantesque de l’Internet des objets.
Enfin, concernant la mobilité, les utilisateurs devront pouvoir recevoir le signal 5G même s’ils se déplacent à 500 km/h.
Rappelons que tout cela est provisoire et peut encore être modifié. « Les spécifications techniques de base seront décidées vers fin février. Pour les critères d’évaluation il faudra attendre fin juin pour une décision. Il faut noter que la procédure d’approbation officielle pour les deux documents aura lieu au mois de novembre. On prévoit une publication officielle des conclusions au début de 2018 », nous avait expliqué au mois de décembre dernier Sergio Buonomo, conseiller au bureau des Radiocommunications de l’ITU à Genève.
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